LaFrance avait fabriquĂ© cette monnaie afin de cĂ©lĂ©brer sa PrĂ©sidence au Conseil de l’Union de l’Union EuropĂ©enne en 2008. Cette monnaie de 2 euros, imaginĂ©e par Philippe Starck, reprĂ©sente l’annĂ©e « 2008 » avec l’inscription « PrĂ©sidence Française Union EuropĂ©enne RF ». Cette piĂšce a Ă©tĂ© Ă©mise en juillet 2008 Ă  prĂšs de 20 000 000 d’exemplaires. 3. Le 10Ăšme
1Un des temps forts de la prĂ©sidence française de l’Union europĂ©enne UE en 2008 sera certainement la mise sur orbite de l’Union mĂ©diterranĂ©enne UM. L’appel lancĂ© de Rome, le 20 dĂ©cembre 2007, par le prĂ©sident Nicolas Sarkozy et les Premiers ministres espagnol et italien, invite les chefs d’État et de gouvernement des pays riverains de la MĂ©diterranĂ©e Ă  se rĂ©unir avec les pays de l’UE le 14 juillet 2008, Ă  Paris ». ÉvoquĂ© dĂšs le 14 janvier 2007 par le candidat Ă  l’élection prĂ©sidentielle, confirmĂ© Ă  Toulon le 7 fĂ©vrier, le projet est officialisĂ© par le prĂ©sident Sarkozy lors de la ConfĂ©rence des ambassadeurs le 27 aoĂ»t et prĂ©cisĂ© par le Discours de Tanger » le 23 octobre. Une premiĂšre sĂ©rie de consultations, pour l’instant Ă  caractĂšre surtout informel, ont Ă©tĂ© effectuĂ©es auprĂšs de nos partenaires du Nord et du Sud. Ce projet est un vĂ©ritable dĂ©fi, tant la fracture mĂ©diterranĂ©enne » est profonde Ă  bien des points de vue, les problĂšmes de fond Ă  rĂ©soudre complexes, et le premier accueil de nos partenaires europĂ©ens et mĂ©diterranĂ©ens mitigĂ©. La fracture mĂ©diterranĂ©enne 2Elle tend Ă  s’aggraver Ă  la fois en termes Ă©conomiques et politiques Ă  l’évidence, les mĂ©canismes de coopĂ©ration existants, notamment le processus de Barcelone, n’ont pas eu de rĂ©sultats Ă  la mesure de leurs ambitions. Une fracture Ă©conomique 3Les diagnostics sont convergents [Le constat en a Ă©tĂ© fait Ă  l’occasion de la confĂ©rence internationale Europe-MĂ©diterranĂ©e, tenue Ă  l’initiative de l’Institut Aspen France les 22-24 novembre 2007 Ă  Marseille.] rapports du Programme des Nations unies pour le dĂ©veloppement PNUD depuis 2002, de la Banque mondiale, de l’Agence française de dĂ©veloppement AFD, de l’Institut de la MĂ©diterranĂ©e ou du Cercle des Ă©conomistes. Au sud de la MĂ©diterranĂ©e, la croissance s’est Ă©tablie en moyenne Ă  4 % pour la pĂ©riode 2001-2006, ce qui est insuffisant pour rĂ©duire les dĂ©sĂ©quilibres structurels. En dĂ©pit de certaines inĂ©galitĂ©s de progrĂšs entre les pays, les deux rives de la MĂ©diterranĂ©e n’ont pas entamĂ© de processus de convergence. Si l’on considĂšre le produit intĂ©rieur brut PIB par habitant en paritĂ© de pouvoir d’achat entre 1990 et 2006, les Ă©carts entre les deux rĂ©gions se sont accrus, comme l’ont constatĂ© les Ă©tudes menĂ©es par l’AFD. Seul un taux de croissance annuel de 7 % Ă  8 % au Sud pourrait rĂ©duire cet Ă©cart. 4Parmi les Ă©lĂ©ments explicatifs, on note le caractĂšre insuffisant des investissements productifs, en particulier des investissements directs Ă  l’étranger IDE, restĂ©s pendant longtemps nettement insuffisants. Si la rĂ©gion a ainsi perçu de l’ordre de 7 milliards de dollars Md $ par an entre 1991 et 2000, 14 Md $ entre 2001 et 2005, et 50 Md $ pour la seule annĂ©e 2006, l’essentiel de ces investissements a concernĂ© l’énergie, les tĂ©lĂ©communications, le tourisme et l’immobilier, ne profitant que faiblement Ă  l’industrie et au secteur agro-alimentaire. Dans leur majoritĂ©, ces capitaux proviennent des pays du Golfe et des États-Unis, la part de l’UE diminuant fortement. Cette montĂ©e en puissance des investissements Sud-Sud est un Ă©lĂ©ment nouveau, dĂ©pendant de la forte augmentation des ressources financiĂšres des pays du Golfe liĂ©e au prix des hydrocarbures, et de l’intĂ©rĂȘt portĂ© Ă  des pays devenus plus accueillants pour les IDE. Cette augmentation du flux des investissements est rĂ©cente, avec de fortes disparitĂ©s selon les pays – la plupart Ă©tant concentrĂ©s en Turquie, au Maroc, en Tunisie, en AlgĂ©rie et en Libye. Ces flux s’accompagnent de la forte progression des montants unitaires selon la base de donnĂ©es d’Anima Investment Network [1], 54 projets de plus de 500 millions de dollars ont Ă©tĂ© recensĂ©s en 2006, contre 30 en 2005. Mais il n’est pas sĂ»r que les investissements en provenance des pays du Golfe demeurent aussi importants Ă  l’avenir. Leur niveau dĂ©pendra de l’évolution du prix des hydrocarbures, du jugement portĂ© sur la stabilitĂ© des pays d’accueil, et des arbitrages faits entre cette destination et les pays asiatiques, vers lesquels ils sont de plus en plus nombreux [2]. 5Un autre Ă©lĂ©ment de cette fracture est le chĂŽmage, dont le taux peut atteindre 15 % et plus selon les pays. Bien que ces pays soient pour la plupart entrĂ©s dans la transition dĂ©mographique, leur population reste trĂšs jeune en AlgĂ©rie, les 2/3 de la population ont moins de 30 ans. En outre, l’augmentation du nombre de femmes qui se prĂ©sentent sur le marchĂ© du travail et l’accentuation de l’exode rural contribuent Ă  augmenter substantiellement le nombre des demandeurs d’emploi. Selon le rapport prĂ©citĂ© de l’Institut de la MĂ©diterranĂ©e, il faudrait d’ici 2020, en supposant un taux d’activitĂ© constant, crĂ©er environ 22 millions d’emplois pour seulement Ă©viter une aggravation du taux de chĂŽmage. Pour sa part, l’AFD estime que 90 millions d’emplois devront ĂȘtre créés en vingt ans si la rĂ©gion veut juguler le flĂ©au du chĂŽmage, soit l’équivalent du nombre d’emplois actuel [3] ». Une fracture politique 6Depuis une dizaine d’annĂ©es, plus particuliĂšrement depuis le 11septembre 2001, les antagonismes entre les opinions du Sud et du Nord s’amplifient. Le Sud se pose en victime les sondages les plus rĂ©cents montrent que les pays occidentaux, y compris europĂ©ens, sont vus comme des puissances impĂ©rialistes », agressant les pays du Sud en termes Ă  la fois militaires et politiques. L’Europe n’est plus dissociĂ©e des États-Unis ou d’IsraĂ«l, et les interventions amĂ©ricaines en Irak ou israĂ©liennes au Liban, sont perçues comme autant d’agressions. La promotion de la dĂ©mocratie par les États-Unis et le discours de l’Europe sur les droits de l’homme sont perçus comme un moyen de renforcer leur prĂ©sence au sud de la MĂ©diterranĂ©e, ou de s’ingĂ©rer dans ses affaires intĂ©rieures. Beaucoup estiment, citant l’Irak ou les Territoires palestiniens, que la dĂ©mocratisation n’a apportĂ© que chaos et violence tandis que la politique du double standard » exacerbait le sentiment d’injustice et popularisait l’idĂ©e du complot » contre la nation arabe ». L’idĂ©e du double standard » renvoie Ă  la complaisance prĂȘtĂ©e Ă  l’Occident Ă  l’égard d’IsraĂ«l qui, depuis plusieurs dĂ©cennies, n’applique pas la rĂ©solution 242, par opposition Ă  la vigueur avec laquelle la sĂ©rie de rĂ©solutions visant l’Irak, notamment en 1990, a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre, avec toutes ses consĂ©quences au plan humanitaire pour la population irakienne. 7Pour beaucoup de jeunes du Sud, le prĂ©sent est misĂ©rable, le futur angoissant, alors que le passĂ© de la civilisation arabe fut brillant. Ressentiment et frustrations se retournent contre les gouvernements en place considĂ©rĂ©s comme illĂ©gitimes, corrompus et mĂȘme collaborateurs » de l’Occident, et expliquent le dĂ©veloppement des sentiments anti-occidentaux et le succĂšs des mouvements fondamentalistes dans les pays arabes. Quant Ă  la Turquie, le sentiment s’y rĂ©pand que l’UE, par des manƓuvres jugĂ©es dilatoires, n’acceptera jamais un pays musulman comme membre, alimentant ainsi un regain de nationalisme turc xĂ©nophobe, visant Ă©galement la minoritĂ© kurde. 8Au Nord, les ressentiments vis-Ă -vis de certains pays du Sud ont tendance Ă  s’exprimer de plus en plus ouvertement. Il est reprochĂ© Ă  la grande majoritĂ© des gouvernements leur incapacitĂ© Ă  assurer la croissance Ă©conomique et Ă  faire participer les populations de façon dĂ©mocratique Ă  la vie politique. D’une façon gĂ©nĂ©rale, le Sud y est vu comme une zone Ă  l’écart des Ă©volutions dĂ©mocratiques constatĂ©es partout ailleurs, Ă  l’exception de la Turquie – mĂȘme si le processus dĂ©mocratique y demeure sous surveillance de l’armĂ©e –, ou du Maroc – oĂč des avancĂ©es significatives sont en cours. Certains dĂ©noncent l’intolĂ©rance, voire le fanatisme, de populations qui reprĂ©senteraient une menace en termes d’emploi et de sĂ©curitĂ©. Il convient certes d’éviter toute analyse globalisante, mais le choc des civilisations » n’est pas loin, comme l’a rĂ©vĂ©lĂ© l’affaire des caricatures de Mahomet, qui a d’ailleurs dĂ©passĂ© le champ mĂ©diterranĂ©en. Les mĂ©canismes de coopĂ©ration n’ont pas rĂ©duit la fracture 9Depuis plusieurs dĂ©cennies, la France a donnĂ© Ă  la MĂ©diterranĂ©e une prioritĂ©, non seulement dans sa politique bilatĂ©rale, mais aussi dans son action au sein de l’UE. C’est Ă  son initiative que les diffĂ©rents programmes europĂ©ens en faveur de cette rĂ©gion ont Ă©tĂ© renforcĂ©s, coordonnĂ©s et institutionnalisĂ©s par ce que l’on a appelĂ© le processus de Barcelone. InitiĂ©e par la prĂ©sidence française du premier semestre 1995, la nĂ©gociation s’est poursuivie et achevĂ©e sous la prĂ©sidence espagnole, mais en Ă©troite concertation avec la France. La dĂ©claration finale Ă©tablissait un cadre multilatĂ©ral durable fondĂ© sur le partenariat ». L’objectif Ă©tait particuliĂšrement ambitieux faire du Bassin mĂ©diterranĂ©en une zone de dialogue, d’échanges et de coopĂ©ration qui garantisse la paix, la stabilitĂ© et la prospĂ©ritĂ© ». Le partenariat ainsi organisĂ© comportait plusieurs volets – politique, Ă©conomique, financier, commercial et culturel. Le simple fait que, pour la premiĂšre fois dans une enceinte mĂ©diterranĂ©enne, se cĂŽtoyaient le prĂ©sident de l’AutoritĂ© palestinienne, le ministre syrien des Affaires Ă©trangĂšres Farouk El-Charaa et son homologue israĂ©lien Ehud Barak Ă©tait en soi un succĂšs. 10Force est de reconnaĂźtre que l’objectif global n’a pas Ă©tĂ© atteint Barcelone n’a apportĂ© ni la paix, ni la stabilitĂ©, ni la prospĂ©ritĂ© dans la rĂ©gion. Paradoxalement, le processus a Ă©tĂ© mis en cause plus durement par ceux-lĂ  mĂȘmes qui en ont le plus profitĂ©, comme les pays du Maghreb. Au plan Ă©conomique, le fait que l’agriculture ait Ă©tĂ© exclue du processus de libĂ©ralisation des Ă©changes alors que les industries naissantes devaient affronter la concurrence des produits europĂ©ens a Ă©tĂ© critiquĂ© Ă  juste titre par le Sud. Il en est de mĂȘme de la politique d’immigration de l’UE, qui s’est traduite par un durcissement des conditions d’entrĂ©e des ressortissants du Sud sur le territoire europĂ©en. Poussant plus loin la critique, certains pays ont vu dans l’ensemble du processus une nouvelle forme de colonialisme, une ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures des États, un moyen trouvĂ© par l’Europe pour ralentir, voire interdire les flux migratoires. 11Plusieurs acquis peuvent pourtant ĂȘtre mis en avant un espace de dialogue entre l’UE et les pays mĂ©diterranĂ©ens a Ă©tĂ© créé, qui a eu pour consĂ©quence de sensibiliser plusieurs pays du nord de l’Europe, comme les Pays-Bas ou l’Allemagne, aux problĂšmes du Sud ; des financements considĂ©rables ont Ă©tĂ© mis en place par le programme MEDA [4] et la Banque europĂ©enne d’investissements BEI Ă  travers la FacilitĂ© euro-mĂ©diterranĂ©enne d’investissement et de partenariat FEMIP [5]. Entre 1995 et 2006, 8,8milliards d’euros Md e ont Ă©tĂ© engagĂ©s Ă  travers le programme MEDA et 7,2 Md e Ă  travers la FEMIP. L’Europe, par ses fonds multilatĂ©raux comme par les aides bilatĂ©rales de ses membres, est de loin le premier pourvoyeur d’aide en MĂ©diterranĂ©e. La coopĂ©ration en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et de contrĂŽle des filiĂšres d’émigration clandestine – qui affectent aussi les pays du Sud – s’est renforcĂ©e dans un climat de confiance. Plus gĂ©nĂ©ralement, Barcelone a contribuĂ© Ă  intĂ©grer progressivement les pays mĂ©diterranĂ©ens dans la mondialisation des Ă©conomies [6]. 12Il est exact que Barcelone a Ă©tĂ© conçu pour accompagner le processus de paix au Moyen-Orient, notamment la mise en Ɠuvre des accords d’Oslo. Son Ă©chec en ce domaine n’est pas celui de l’Europe qui a apportĂ© son soutien politique et financier Ă  la construction d’une administration et d’une Ă©conomie palestiniennes. Les pays du Sud ont leur part de responsabilitĂ© incapacitĂ© Ă  dĂ©finir des positions communes, rĂ©ticences Ă  prendre des initiatives ; blocage du processus de paix au Proche-Orient et durcissement du contentieux entre l’AlgĂ©rie et le Maroc aboutissant Ă  la fermeture de leur frontiĂšre commune ; lenteur et parfois arrĂȘt de certaines rĂ©formes structurelles Ă  caractĂšre politique ou Ă©conomique ; absence d’intĂ©rĂȘt de la Turquie qui a donnĂ© la prioritĂ© aux nĂ©gociations d’adhĂ©sion Ă  l’UE. 13Demi-Ă©chec ou demi-succĂšs, le dĂ©bat demeure. De part et d’autre, on reconnaĂźt la lourdeur et le mauvais fonctionnement des institutions mises en place Ă  Barcelone. Il faut Ă©galement tenir compte de la perplexitĂ© ajoutĂ©e par la mise en Ɠuvre d’une Politique europĂ©enne de voisinage PEV dont l’articulation avec Barcelone ne paraĂźt pas claire. Un objectif la mise en place d’une Union pour la MĂ©diterranĂ©e 14La prioritĂ© mĂ©diterranĂ©enne, constante de la diplomatie française, a donc Ă©tĂ© Ă  nouveau formalisĂ©e le 14 dĂ©cembre 2007 avec la publication d’un document d’orientation qui rappelle l’enjeu stratĂ©gique de cette rĂ©gion pour la France, et dĂ©finit les trois axes de sa coopĂ©ration renforcer le capital humain et donner la prioritĂ© Ă  la sociĂ©tĂ© du savoir ; appuyer un dĂ©veloppement Ă©conomique et social soucieux d’une exploitation durable des ressources naturelles ; amĂ©liorer la gouvernance, notamment en consolidant la dĂ©mocratie et en soutenant la modernisation de l’État ». 15La nouvelle initiative française, telle qu’elle a Ă©tĂ© exprimĂ©e dans un premier temps, par le prĂ©sident Sarkozy, frappe par son ampleur et son ambition. Il s’agit de crĂ©er une Union, terme fort qui semble impliquer une intĂ©gration et des institutions comparables Ă  celles qui existent au sein de l’UE. Car l’avenir de l’Europe est au Sud ». Le prĂ©sident a prĂ©sentĂ© son projet comme une rupture », une expĂ©rience originale et unique » qui serait l’Ɠuvre de notre gĂ©nĂ©ration ». Par ce ton, et par son contenu, cette approche a inquiĂ©tĂ© nos partenaires, tant au Sud qu’au Nord. AprĂšs consultations, notamment avec l’Espagne et l’Italie, le projet a Ă©tĂ© amendĂ©, prĂ©cisĂ© et orientĂ© vers une Union pour la MĂ©diterranĂ©e, destinĂ©e Ă  promouvoir des projets d’intĂ©rĂȘt commun. Des premiĂšres rĂ©actions mitigĂ©es 16AprĂšs un accueil poli, nombre d’inquiĂ©tudes se sont exprimĂ©es, parfois vigoureusement. Quels pays ont vocation Ă  faire partie de cette Union ? Comment se positionne-t-elle par rapport Ă  l’UE ? Que devient le processus de Barcelone ? De quelles ressources financiĂšres cette Union disposera-t-elle ? 17Au sein de l’UE, les pays du Nord n’ont pas cachĂ© leur rĂ©ticence habituelle Ă  privilĂ©gier le Sud plutĂŽt que l’Est. Les plus fortes rĂ©ticences sont venues d’Allemagne, tout d’abord pour des raisons institutionnelles cette Union nouvelle ne concurrencerait-elle pas l’UE ? Berlin craint ainsi qu’une partie des membres de l’UE ne soient exclus d’un tel projet et que cette initiative n’aboutisse Ă  fractionner l’UE dans ses relations avec son voisinage. L’Allemagne, principal contributeur de l’UE, redoute Ă©galement que les fonds communautaires ne financent des opĂ©rations dont leurs entreprises se trouveraient exclues. La nouvelle enceinte doit ĂȘtre ouverte, faute de quoi, a commentĂ© Angela Merkel le 7 dĂ©cembre lors du sommet franco-allemand, l’Allemagne pourrait davantage s’orienter vers l’Europe centrale et orientale ». Le Royaume-Uni, quant Ă  lui, est restĂ© pour l’instant Ă©tonnamment discret. Nos alliĂ©s traditionnels vis-Ă -vis de la prioritĂ© mĂ©diterranĂ©enne, l’Italie et surtout l’Espagne, ont Ă©galement exprimĂ© leurs prĂ©occupations. Le cĂŽtĂ© espagnol, tout en accueillant avec sympathie un projet qui vise Ă  mieux intĂ©grer le nord et le sud de la MĂ©diterranĂ©e, a fait valoir qu’il intervient dans une rĂ©alitĂ© complexe. TrĂšs attachĂ©e au processus de Barcelone, l’Espagne craint que la nouvelle enceinte ne le concurrence, voire ne le dĂ©crĂ©dibilise. Une amĂ©lioration du fonctionnement du processus de Barcelone, au plan des institutions comme Ă  celui des mĂ©canismes de financement, pourrait aboutir plus efficacement Ă  un rĂ©sultat comparable. Si une nouvelle enceinte devait ĂȘtre créée, on pourrait se demander s’il ne conviendrait pas de la limiter Ă  la partie occidentale de la MĂ©diterranĂ©e, oĂč les trois pays mĂ©diterranĂ©ens de l’UE, Italie, Espagne, France, ont des intĂ©rĂȘts majeurs. On obtiendrait alors en quelque sorte un 5 + 5 plus structurĂ©, amĂ©liorĂ©. L’accord donnĂ© in fine au projet par le ministre des Affaires Ă©trangĂšres espagnol Ă©tait donc ambigu le soutien valait dans la mesure oĂč il s’agissait bien d’un Barcelone plus ». 18Les pays du Sud ont, dans leur majoritĂ©, manifestĂ© leur intĂ©rĂȘt pour le projet tout en s’inquiĂ©tant des rĂ©serves venant des pays du Nord. Le seul Ă  exprimer une position franchement nĂ©gative, tout au moins dans un premier temps, fut sans surprise la Turquie, qui y dĂ©cela un substitut Ă  sa future adhĂ©sion Ă  l’UE. La majoritĂ© des futurs membres de la nouvelle Union y voient la possibilitĂ© de mobiliser des ressources financiĂšres supplĂ©mentaires, et de promouvoir des projets intĂ©grateurs ». Quelques rĂ©serves sont cependant apparues, notamment avec le Maroc qui ne veut pas renoncer au statut avancĂ© qu’il nĂ©gocie avec l’UE, prĂ©fĂšre favoriser une coopĂ©ration renforcĂ©e dans l’Ouest mĂ©diterranĂ©en, et ne tient pas Ă  ce que les pays du Proche-Orient rendent ingĂ©rable la future Union. Pour le Maroc, le noyau de l’UM devrait ĂȘtre constituĂ© des pays du 5 + 5, progressivement Ă©largi Ă  d’autres pays mĂ©diterranĂ©ens. Rabat, comme d’autres, insiste aussi sur l’idĂ©e que la nouvelle organisation devrait adopter des mĂ©canismes de mise en Ɠuvre plus simples que ceux qui existent actuellement, et ĂȘtre fondĂ©e sur un vrai partenariat, Ă©quitable et fonctionnant sur la base de codĂ©cisions. Une telle Union devrait enfin s’accompagner de la libre circulation des biens et des personnes. 19Ces premiĂšres rĂ©actions ont donc conduit Ă  une nouvelle approche, que reflĂšte l’appel de Rome » du 20 dĂ©cembre 2007. Le changement n’est pas seulement sĂ©mantique. Il s’agit dĂ©sormais d’une approche plus compatible avec nos engagements europĂ©ens, et donc plus acceptable pour nos partenaires. Si les objectifs demeurent, certaines assurances sont soulignĂ©es, et le cĂŽtĂ© pragmatique de la construction est davantage mis en valeur. Il s’agit bien pour le Nord de valoriser la prioritĂ© du Sud mĂ©diterranĂ©en aprĂšs le succĂšs de la politique d’intĂ©gration Ă  l’Est. De fait, les pays europĂ©ens sont de plus en plus conscients que l’avenir de l’Europe se joue aussi en MĂ©diterranĂ©e, et que l’élargissement des fractures Ă©conomiques, politiques et sociales multiplie les risques, notamment en matiĂšre de sĂ©curitĂ©. Les attentats perpĂ©trĂ©s Ă  Madrid et Ă  Londres, l’affaire des caricatures de Mahomet, ont contribuĂ© Ă  une prise de conscience des menaces susceptibles de provenir du Sud. Le dĂ©veloppement des communautĂ©s arabes et turques en Europe du Nord joue dans le mĂȘme sens. Cette Ă©volution devrait faciliter l’accord de nos partenaires europĂ©ens, certaines inflexions Ă©tant donnĂ©es au projet initial 20 L’Union [pour la MĂ©diterranĂ©e] devrait ĂȘtre fondĂ©e sur le principe de la coopĂ©ration et non sur celui de l’intĂ©gration
 ». Cette rĂ©daction souligne la nature mĂȘme de cette Union, enceinte de coopĂ©ration qui aura une valeur ajoutĂ©e spĂ©cifique un Ă©lan politique
 et la mobilisation des sociĂ©tĂ©s civiles, des entreprises, des collectivitĂ©s locales, des associations et des organisations non gouvernementales ONG ». Elle ne se trouvera donc pas en concurrence avec l’UE. 21 L’Union n’a pas vocation Ă  se substituer aux procĂ©dures de coopĂ©ration et de dialogue qui rĂ©unissent dĂ©jĂ  les pays de la MĂ©diterranĂ©e, mais Ă  les complĂ©ter
 Le processus de Barcelone et la PEV resteront donc centraux
 ». Ce texte tient donc compte des prĂ©occupations de plusieurs de nos partenaires, notamment l’Espagne, et met l’accent sur le caractĂšre complĂ©mentaire de la dĂ©marche vis-Ă -vis de l’UE, dont elle complĂšte les procĂ©dures de coopĂ©ration, en donnant une nouvelle impulsion au processus euro-mĂ©diterranĂ©en. Le processus de Barcelone n’est pas marginalisĂ© ; il devrait, au contraire, s’en trouver dynamisĂ©. 22 L’Union n’interfĂ©rera ni dans le processus de stabilisation et d’association pour les pays concernĂ©s ni dans le processus de nĂ©gociation en cours entre l’UE et la Croatie d’une part, et la Turquie d’autre part ». En clair, des garanties sont donnĂ©es au Maroc pour la poursuite de la nĂ©gociation de son statut avancĂ© », Ă  la Croatie, mais surtout Ă  la Turquie pour ses nĂ©gociations d’adhĂ©sion. 23Le pĂ©rimĂštre de l’Union est confirmĂ© seraient membres de plein droit tous les pays riverains de la MĂ©diterranĂ©e, soit 25 pays, y compris le Portugal, la Jordanie et la Mauritanie qui sont dĂ©jĂ  membres de divers processus de coopĂ©ration mĂ©diterranĂ©enne. L’UE en tant que telle, comme la Ligue arabe, seraient Ă©galement membres de plein droit. Il est entendu que les pays europĂ©ens non riverains pourraient devenir Ă©galement membres selon des modalitĂ©s Ă  dĂ©finir, Ă©tant prĂ©cisĂ© qu’ils pourraient participer aux travaux de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e, et en particulier aux projets portĂ©s par celle-ci. Il n’est pas sĂ»r que les accommodements ainsi apportĂ©s satisfassent tous nos partenaires europĂ©ens, notamment l’Allemagne. Mais il est clair que c’est une option concernant tous les pays riverains qui a Ă©tĂ© retenue et non comme certains le souhaitaient, la version rĂ©duite aux pays du 5 + 5. 24Les institutions de la nouvelle Union seront aussi lĂ©gĂšres que possible une rĂ©union au sommet annuelle ou bisannuelle – le G-Med – en charge de la coopĂ©ration politique, et un secrĂ©tariat permanent de taille rĂ©duite. En outre, des organismes spĂ©cialisĂ©s pourraient faire Ă©merger, expertiser et labelliser les projets prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt pour la MĂ©diterranĂ©e et mobiliser les financements nĂ©cessaires. 25S’agissant des ressources financiĂšres, plusieurs options sont ouvertes l’utilisation des mĂ©canismes existants, notamment la BEI, avec une FEMIP renforcĂ©e, ou la crĂ©ation d’un mĂ©canisme dĂ©diĂ© Ă  la MĂ©diterranĂ©e. Le cĂŽtĂ© français se montre prudent, conscient des rĂ©ticences allemandes Ă  la crĂ©ation de toute institution nouvelle. Beaucoup estiment d’ailleurs que le problĂšme est moins celui de la recherche de financements nouveaux que celui d’une meilleure efficacitĂ© pour la mobilisation de ressources existantes. 26En dĂ©finitive, le caractĂšre pragmatique du projet est mis en relief. Hors la coopĂ©ration politique, il s’agira essentiellement d’une Union de projets, visant Ă  organiser une coopĂ©ration Ă  gĂ©omĂ©trie variable sur des opĂ©rations prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt pour l’ensemble, ou une partie, des pays mĂ©diterranĂ©ens. Ces projets seront ouverts, tant en ce qui concerne leur rĂ©alisation que leur financement, Ă  d’autres pays, et notamment aux pays ou institutions associĂ©s. L’action de l’Union devrait couvrir les domaines d’intĂ©rĂȘt commun le dĂ©veloppement durable, l’environnement, l’eau, l’énergie, les infrastructures, la promotion des petites et moyennes entreprises PME. Les conditions du succĂšs de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e CrĂ©er un climat de confiance 27Cette Ă©vidence vaut pour le Nord comme pour le Sud. Il faut continuer de rassurer nos partenaires, en particulier l’Espagne et l’Allemagne, qui ne cachent pas leur inquiĂ©tude, voire leur agacement. L’Espagne a Ă©voluĂ© Ă  l’occasion du sommet franco-espagnol du 10 dĂ©cembre 2007 JosĂ© Luis Rodriguez Zapatero a confirmĂ© son accord et proposĂ© Ă  Nicolas Sarkozy de l’accompagner en vue de prĂ©senter conjointement le projet aux futurs partenaires de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e. Cependant, les diplomates espagnols resteront vigilants, notamment sur l’articulation entre celle-ci et le processus de Barcelone. Un moyen de les rassurer pourrait ĂȘtre, parallĂšlement Ă  la nĂ©gociation sur l’Union, de crĂ©er un groupe de travail franco-espagnol qui aurait pour tĂąche de faire des propositions pour revitaliser et amĂ©liorer le fonctionnement du processus de Barcelone. La mĂ©fiance est aussi celle de l’Allemagne qui, malgrĂ© les ouvertures faites, craint d’ĂȘtre sollicitĂ©e financiĂšrement pour promouvoir les intĂ©rĂȘts de la France dans cette zone au dĂ©triment de ses propres intĂ©rĂȘts. La crĂ©ation d’un nouveau mĂ©canisme financier dĂ©diĂ© Ă  la MĂ©diterranĂ©e devra donc associer toutes les parties intĂ©ressĂ©es. Un travail pĂ©dagogique Ă  l’égard des pays du nord de l’Europe devrait Ă©galement ĂȘtre menĂ©, de façon Ă  les convaincre que la fracture mĂ©diterranĂ©enne affecte leurs intĂ©rĂȘts et leur sĂ©curitĂ©. En bref, la nouvelle Union ne doit pas apparaĂźtre comme un projet concurrent de Barcelone, mais au contraire s’inscrire, sinon juridiquement du moins dans les faits, dans l’esprit des coopĂ©rations renforcĂ©es, qui peuvent ne rĂ©unir qu’une partie des membres de l’UE. 28Les interrogations du Sud apparaissent comme les plus sĂ©rieuses. Le message des pays arabes concernĂ©s par le projet est clair le projet de la nouvelle Union pour la MĂ©diterranĂ©e ne peut progresser que si la France s’implique plus activement dans le processus de paix au Moyen-Orient. En clair, Nicolas Sarkozy, qui se veut l’ami d’IsraĂ«l, doit utiliser cette amitiĂ© pour faire progresser la question palestinienne vers une solution juste. Le suivi de la confĂ©rence d’Annapolis donne une vĂ©ritable opportunitĂ© Ă  la diplomatie française. Faute de quoi, les mĂȘmes causes produisant les mĂȘmes effets, l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e rencontrera les mĂȘmes difficultĂ©s que le processus de Barcelone. Bien Ă©videmment, la solution de la question palestinienne ne saurait ĂȘtre un prĂ©alable au lancement de l’Union. Mais au Sud, une dĂ©termination forte Ă  contribuer Ă  cette solution est attendue de la part de l’Europe, et plus particuliĂšrement de la France. 29La deuxiĂšme revendication, aussi clairement exprimĂ©e par plusieurs pays du Sud, est que la future Union – le terme mĂȘme semble l’impliquer – assure non seulement la mobilitĂ© des biens, y compris agricoles, mais aussi celle des personnes, comme c’est le cas entre les pays de l’UE. Certes, la libertĂ© de circulation, ou d’établissement, des personnes ne peut ĂȘtre qu’un objectif Ă  long terme. Mais un geste est attendu, notamment au profit des Ă©tudiants. Les politiques d’immigration doivent ĂȘtre mises en cohĂ©rence avec les objectifs de la nouvelle Union. À l’évidence, les autoritĂ©s françaises sont ici nettement invitĂ©es Ă  avoir une politique d’immigration plus ouverte, et mieux concertĂ©e. 30Enfin, l’Union ne pourra rĂ©ussir que si le secteur privĂ© est associĂ© Ă  sa mise en Ɠuvre. Ce qui suppose que le climat des affaires s’amĂ©liore substantiellement au Sud. Certes, les conditions d’accueil des capitaux Ă©trangers ont connu une nette embellie, comme le constatent l’étude de l’AFD publiĂ©e Ă  l’occasion de l’Euromed Investment Conference qui s’est tenue Ă  La Baule en juin 2007 et le dernier rapport de la FEMIP [7]. On cite en particulier les lĂ©gislations visant Ă  protĂ©ger les investissements Ă©trangers, Ă  attĂ©nuer ou supprimer les dispositions sur la part pouvant ĂȘtre dĂ©tenue par les sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres. De mĂȘme, les mesures fiscales incitatives et la crĂ©ation de zones offshore vont dans le bon sens. Des pays comme la Turquie, le Maroc ou l’Égypte se sont engagĂ©s dans cette voie En effet, un tel climat de confiance rĂ©sulte d’abord de mesures prises Ă  l’initiative des gouvernements du Sud, mais celles-ci ne sont pas encore gĂ©nĂ©rales disponibilitĂ© Ă  nĂ©gocier des accords de protection des investissements, mesures visant Ă  traiter les sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres sur un plan d’égalitĂ© avec les sociĂ©tĂ©s nationales, abrogation des systĂšmes de sponsorship. Mais tout autant que ces mesures, ce sont les pratiques qu’il convient de faire Ă©voluer dans le sens d’une bonne gouvernance Ă©conomique ». Celle-ci relĂšve certes de textes, mais Ă©galement et surtout, de l’abandon de certaines pratiques, qui vont de la corruption aux comportements biaisĂ©s de certains tribunaux locaux en cas de litige. Il est clair qu’en dĂ©pit des amĂ©liorations, la bonne gouvernance, au sens large, reste un horizon de long terme. DĂ©finir une mĂ©thode efficace pour la mise en Ɠuvre 31Souplesse, pragmatisme, efficacitĂ© sont des termes qu’il convient d’avoir Ă  l’esprit dans la mise en place de la future Union. 32Il faudra Ă©viter l’inflation institutionnelle et les lourdeurs des procĂ©dures. La mobilisation des fonds du MEDA a Ă©tĂ©, Ă  juste titre, critiquĂ©e pour sa lenteur. Le fait que ces fonds ne puissent ĂȘtre accordĂ©s Ă  des collectivitĂ©s locales apparaĂźt comme une anomalie. Il faut donc tirer les leçons des dysfonctionnements du processus de Barcelone et Ă©viter la mise en place de structures lourdes ou parasitaires. Des assurances ont Ă©tĂ© donnĂ©es par les nĂ©gociateurs français. Il n’en reste pas moins que la tentation existera de multiplier organismes ou agences correspondant Ă  chacun des domaines d’intervention de l’Union. 33Il faudra s’appuyer davantage sur l’expĂ©rience des collectivitĂ©s locales dans la mise en Ɠuvre des projets. Les responsables des grandes collectivitĂ©s locales – maires de grandes agglomĂ©rations urbaines, gouverneurs de rĂ©gions – deviennent des acteurs importants, voire incontournables du dĂ©veloppement. L’Union ne peut qu’encourager cette Ă©volution, et Ă©tendre le champ de la coopĂ©ration en matiĂšre de gouvernance Ă©conomique aux collectivitĂ©s dĂ©centralisĂ©es. 34Il faudra associer davantage la sociĂ©tĂ© civile Ă  la rĂ©alisation des projets. Au sud de la MĂ©diterranĂ©e, les sociĂ©tĂ©s civiles se renforcent ONG, universitaires, responsables de petites et moyennes entreprises. Leurs moyens restent modestes et leur existence fragile ; et il s’agit parfois de faux nez, sous contrĂŽle » des pouvoirs en place. Mais dans des pays comme l’AlgĂ©rie, le Maroc, l’Égypte et IsraĂ«l, la sociĂ©tĂ© civile est en mouvement, et de plus en plus un acteur du dĂ©veloppement elle doit donc ĂȘtre renforcĂ©e et structurĂ©e. 35La rĂ©flexion sur les mĂ©canismes financiers doit rester ouverte. À ce stade, il serait utile de procĂ©der Ă  une Ă©valuation des ressources disponibles. Le problĂšme est sans doute moins celui de leur niveau que celui de leur mobilisation et de leur affectation. Il existe au sud de la MĂ©diterranĂ©e d’importantes liquiditĂ©s, ou des fonds en quĂȘte d’emploi, alors que les budgets publics sont le plus souvent dĂ©ficitaires. Il convient donc de transformer des ressources Ă  court terme en financements Ă  moyen et Ă  long terme, et de maĂźtriser les risques pour les emplois, notamment par leur partage entre plusieurs Ă©tablissements financiers. Il convient Ă©galement d’inciter les capitaux locaux Ă  s’investir sur place plutĂŽt qu’à l’étranger, et de proposer aux capitaux du Golfe de sinvestir, y compris Ă  travers des co-financements, dans des projets labellisĂ©s par l’Union. Enfin cette mobilisation devrait Ă©galement porter sur les transferts de fonds importants en provenance des travailleurs immigrĂ©s sur les 18 Md $ de transferts vers la rive sud de la MĂ©diterranĂ©e recensĂ©s par la Banque mondiale comme provenant des travailleurs Ă©migrĂ©s [8], la moitiĂ© seulement serait bancarisĂ©e. La crĂ©ation d’une Banque de la MĂ©diterranĂ©e, de prĂ©fĂ©rence liĂ©e Ă  la BEI mais autonome, pourrait apparaĂźtre comme un signal politique fort. Mais les inconvĂ©nients techniques d’une telle dĂ©cision, joints aux rĂ©ticences de la Commission europĂ©enne et de plusieurs partenaires de l’UE, pourraient de nouveau faire Ă©chouer ce genre de projet. *** 36Il reste Ă  identifier les objectifs qui pourraient ĂȘtre ainsi dĂ©cidĂ©s et rĂ©alisĂ©s par l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e. Le consensus se fait pour orienter son action vers des projets auxquels les pays du Nord et du Sud trouveraient un intĂ©rĂȘt mutuel, et pour associer des pays tiers Ă  leur rĂ©alisation et Ă  leur financement. Il s’agirait donc d’organiser, sur une base volontaire, des coopĂ©rations Ă  gĂ©omĂ©trie variable, ouvertes Ă  tous, rĂ©unissant en fonction de leurs intĂ©rĂȘts États, entreprises et bailleurs de fonds, du Nord comme du Sud. Parmi les domaines le plus souvent citĂ©s, on note l’environnement au sens large lutte contre la pollution, gestion durable de l’eau et changement climatique, l’énergie, y compris le nuclĂ©aire civil, les infrastructures et l’amĂ©nagement des grandes agglomĂ©rations urbaines en croissance rapide, sans oublier la transition du monde rural. 37Cette Union devrait Ă©galement, y compris dans des domaines sensibles, organiser un dialogue et des actions conjointes, par exemple en matiĂšre culturelle ou sur les problĂšmes des migrations qui deviennent de plus en plus des prĂ©occupations partagĂ©es. 38Il reste aux nĂ©gociateurs français Ă  piloter ce projet ambitieux dans les turbulences que sa mise au point ne manquera pas de provoquer. D’ores et dĂ©jĂ , la proposition française a suscitĂ© un dĂ©bat elle a permis d’approfondir la rĂ©flexion sur les relations entre l’Europe et la MĂ©diterranĂ©e, d’affirmer la nĂ©cessitĂ© d’un degrĂ© de coopĂ©ration supĂ©rieur et de recentrer les prĂ©occupations de l’UE vers cette rĂ©gion proche et stratĂ©gique pour sa sĂ©curitĂ©. Il reste Ă  mieux apprĂ©cier le contenu du projet, Ă  impliquer les partenaires de l’UE, Ă  cerner de façon plus prĂ©cise les contours et les modalitĂ©s de cette proposition, et Ă  identifier des domaines d’intervention prioritaire. Pour toutes ces raisons, la mise en place de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e constituera une prioritĂ© de la prochaine prĂ©sidence française de l’UE. Notes [1] Institut de la MĂ©diterranĂ©e, Rapport sur le projet d’Union MĂ©diterranĂ©enne, rapport du groupe d’experts rĂ©unis par l’Institut de la MĂ©diterranĂ©e octobre 2007. [2] ANIMA Investment Network, plate-forme multi-pays de dĂ©veloppement Ă©conomique de la MĂ©diterranĂ©e, rĂ©unit une quarantaine d’agences gouvernementales et de rĂ©seaux internationaux du pourtour mĂ©diterranĂ©en. Son objectif est de contribuer Ă  une amĂ©lioration continue du climat des affaires dans la rĂ©gion MĂ©diterranĂ©e et Ă  la croissance de l’investissement NDLR. [3] Document publiĂ© par Anima Investment Network Ă  l’occasion de la semaine de la MĂ©diterranĂ©e, Marseille 19-24 novembre 2007 ; Institut de la MĂ©diterranĂ©e, op. cit. [2], et AFD, IntĂ©gration euro-mĂ©diterranĂ©enne et investissement directs Ă©trangers », Euromed Investment ConfĂ©rence, La Baule, 27 juin 2007. [4] SĂ©verino, directeur gĂ©nĂ©ral de l’AFD, Le Monde de l’économie, 20 novembre 2007. [5] Principal instrument financier de l’UE au service du partenariat euro-mĂ©diterranĂ©en, le programme MEDA encourage, par des mesures d’accompagnement financiĂšres et techniques, les rĂ©formes de structure Ă©conomiques et sociales des partenaires mĂ©diterranĂ©ens NDLR. [6] La FEMIP regroupe l’ensemble des instruments d’intervention de la BEI en faveur du dĂ©veloppement Ă©conomique des pays partenaires mĂ©diterranĂ©ens AlgĂ©rie, Égypte, Gaza/Cisjordanie, IsraĂ«l, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie et Tunisie ; les opĂ©rations menĂ©es par la Banque en Turquie sont rattachĂ©es au dĂ©partement Europe du Sud-Est. OpĂ©rationnelle depuis octobre 2002, la FEMIP concentre son action autour du soutien au secteur privĂ© et de la crĂ©ation d’un environnement favorable Ă  l’investissement. [7] Institut de la MĂ©diterranĂ©e, op. cit. [2] et AFD, op. cit. [4]. [8] Service du Conseil pour les questions Ă©conomiques et de dĂ©veloppement, Rapport annuel 2007 sur les tendances Ă©conomiques des pays partenaires, Luxembourg, SCED/BEI, 2007.

Économie Espagne : une faute de frappe Ă  10 milliards d'euros. Madrid a corrigĂ© jeudi sa prĂ©vision de dette publique pour 2014, celle-ci devant atteindre 98,9 % du PIB et non 99,8 % comme

Saviez-vous que certaines piĂšces de 2 euros valent bien plus que leur valeur faciale ? Plusieurs d'entre elles peuvent rapporter plusieurs centaines d'euros. Vous avez peut-ĂȘtre un trĂ©sor dans votre porte-monnaie. Certaines piĂšces de 2 euros sont spĂ©ciales, comme le rapporte le site spĂ©cialisĂ© Info Collection. Lorsqu’elles contiennent une erreur, ou si elles sont issues d’un tirage de piĂšces commĂ©moratives, elles valent bien plus que 2 euros. Regardez de plus prĂšs, peut-ĂȘtre que vous en possĂ©dez une. Quelle est la valeur des piĂšces de 2 euros rares ? Le prix des piĂšces de deux euros rares est variable en fonction de l’origine, de l’annĂ©e et de l’état de la piĂšce. Selon Info Collection, leur valeur peut aller de trois euros Ă  plus de 1000 euros comme c’est le cas pour la piĂšce monĂ©gasque de 2007, tirĂ©e Ă  20 000 exemplaires Ă  l’occasion du 25e anniversaire du dĂ©cĂšs de Grace Kelly. Quelles sont les piĂšces de 2 euros rares qui valent cher ? Une piĂšce de 2 euros d’Allemagne trĂšs prisĂ©e C’est insolite, mais savez-vous que les 30 000 piĂšces de deux euros allemandes frappĂ©es en 2008 peuvent valoir plusieurs centaines d’euros en raison d’une erreur ? Les frontiĂšres des pays de l’Union europĂ©enne n’y avaient pas Ă©tĂ© tracĂ©es ! Cette piĂšce rare est devenue trĂšs prisĂ©e par les collectionneurs. Les piĂšces de 2 euros de Monaco Les piĂšces monĂ©gasques sont rares et celles frappĂ©es en 2001, 2003, 2009, 2010, 2011 et 2012 sont les plus recherchĂ©es. Leur valeur varie de 10 Ă  plus de 100 euros pour celle de 2010. Notez que ces piĂšces ont peu circulĂ©, et sont donc plutĂŽt vendues neuves. Une autre piĂšce de deux euros monĂ©gasque est Ă©galement trĂšs prisĂ©e des collectionneurs, il s’agit de la piĂšce frappĂ©e en 2007 pour commĂ©morer les 25 ans de la disparition de Grace Kelly. Cette piĂšce, oĂč figure le visage de la princesse, se vend Ă  plus de 2000, voire 3000 euros comme le rapporte le site Monnaie Magazine. Les piĂšces de 2 euros de Finlande Les premiers euros finlandais jusqu’en 2004 sont Ă©galement prisĂ©s des collectionneurs et valent plus que leur valeur faciale. Les piĂšces de 2 euros du Vatican Certains pays ou Ă©tats ont des piĂšces de grande valeur, c’est le cas pour les piĂšces de deux euros du Vatican, notamment celles des premiĂšres annĂ©es dont 2022, 2033 et 2004 qui valent une centaine d’euros en moyenne. Les piĂšces datant d’aprĂšs 2005 valent entre 30 et 40 euros. Notez toutefois que ces piĂšces sont difficiles Ă  trouver. Les piĂšces de 2 euros de Saint-Marin Les piĂšces de Saint-Marin sont rares et leur valeur est estimĂ©e Ă  20 euros pour les annĂ©es 2003, 2004, 2007, 2008, 2009 et 2010. Celles de 2011 et 2012 valent cinq euros. Les piĂšces de 2 euros de GrĂšce Les piĂšces grecques rares ont Ă©galement une valeur supĂ©rieure Ă  leur valeur faciale, c’est notamment le cas des piĂšces de 2004 et de 2007 qui valent environ quatre euros. Les piĂšces de 2 euros de Lettonie Les piĂšces lettones neuves valent trois euros. Notez Ă©galement que la piĂšce de deux euros des Pays-Bas datant de 1999 avec le portrait de la reine Beatrix vaut trois euros. Quelle est la valeur des piĂšces de 2 euros commĂ©moratives françaises ? Les piĂšces commĂ©moratives de deux euros françaises valent en gĂ©nĂ©ral entre trois et 10 euros si elles sont neuves. Voici celles qui valent le plus cher selon Info Collection La piĂšce TraitĂ© de Rome » de 2007 qui est la premiĂšre piĂšce française commĂ©morative de 2 euros, sa cote est de 5 euros en trĂšs bon Ă©tat La piĂšce de 2 euros de l’Euro 2016 en couleur est cotĂ©e Ă  15 euros la version non colorĂ©e vaut 3 Ă  4 euros La piĂšce de 2 euros François Mitterrand de 2016 en coffret Belle Ă©preuve et seulement le coffret Belle Epreuve est estimĂ©e Ă  20 euros La piĂšce de 2 euros commĂ©morant la mort de Rodin en 2017 vaut 20 euros en coffret Belle Epreuve et 30 euros en Coffret Trio. Sans coffret, la piĂšce vaut 2 Ă  3 euros. OĂč vendre vos piĂšces de 2 euros rares ? Si vous possĂ©dez l’une de ces piĂšces, vous pouvez la revendre sur les sites internet eBay, Rakuten Shopping, Numiscorner un site spĂ©cialisĂ© dans la monnaie, ou encore Catawiki et Delcampe. Vous les vendrez Ă  des acheteurs de France et d’ailleurs. Certains sites proposent mĂȘme une option de vente aux enchĂšres grĂące Ă  laquelle vous pouvez cĂ©der votre trouvaille au plus offrant. Comment savoir si ma piĂšce de 2 euros a de la valeur ? Le mieux est de se rendre dans un magasin numismatique oĂč un expert estimera la valeur de votre piĂšce et pourra vous la racheter. Ce dernier sera plus Ă  mĂȘme de dĂ©terminer sa valeur comme nous le confie Olivier Goujon, numismate. Certains dĂ©tails sont tellement prĂ©cis qu’ils ne peuvent ĂȘtre Ă©valuĂ©s que par un collectionneur » affirme-t-il. Il conseille d’aller voir au moins deux professionnels diffĂ©rents afin de s’assurer de leur sĂ©rieux car le marchĂ© est complĂštement libre et concurrentiel ». A lire aussi – Ces piĂšces de 1 centime qui valent trĂšs cher – Ces piĂšces de 20 centimes qui valent trĂšs cher – Il vous reste des piĂšces en francs ? Elles ont encore de la valeur ! – Ces anciens billets de 20 francs valent trĂšs cher ! Avec130 000 piĂšces en circulation depuis 2005, la piĂšce de deux euros de San Marin vaut plus que ce que l’on pense: environ 120 euros par piĂšce. La cotation de cette piĂšce a une valeur assez Ă©levez, tout d’abord pour sa localitĂ©. Saint-Marin est situĂ©e au cƓur de l’Italie, ce n’est pas un pays mais une principautĂ©.
La France a fait un pari transformer l’Europe communautaire en un multiplicateur de puissance, mais les Ă©largissements successifs ont contribuĂ© Ă  rĂ©duire son poids relatif. Ce qui produit un grand malaise chez les Français. OR, LA FRANCE, toujours, rĂȘve de la puissance » [1], Ă©crit Olivier Kempf. VoilĂ  une rĂ©flexion qui va nous servir de boussole pour comprendre les calculs et les malaises de la France dans l’Union europĂ©enne Ă  l’heure de la mondialisation [2]. France-UE, pourquoi un tel malaise ? Nous rĂ©pondrons que la France a fait un pari transformer l’Europe communautaire en un multiplicateur de puissance I, mais les Ă©largissements successifs ont contribuĂ© Ă  rĂ©duire son poids relatif II, ce qui produit un malaise III. I. La France a fait un pari transformer l’Europe communautaire en un multiplicateur de puissance
 Chacun sait que la France est un pays fondateur de la CommunautĂ© europĂ©enne du charbon et de l’acier CECA, 1951 puis de la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne CEE, 1957. La construction d’un marchĂ© commun s’inscrit bien dans une dynamique de la mondialisation faciliter les Ă©changes Ă  l’intĂ©rieur d’une zone. En revanche, bien peu font un rapprochement que la chronologie impose pourtant comme une Ă©vidence c’est au moment oĂč elle commence Ă  perdre pied dans son empire colonial – notamment avec la dĂ©faite de Dien Bien Phu en mai 1954 puis la perte de l’Indochine, mais encore le dĂ©clenchement de la guerre d’AlgĂ©rie le 1er novembre 1954, sans oublier les indĂ©pendances du Maroc et de la Tunisie en 1956 – que la France s’implique dans la construction europĂ©enne. Pour le dire comme dans une salle de boxe française, Paris effectue un changement de pied », basculant le poids du corps du pied gauche sur le pied droit pour frapper l’adversaire du pied gauche, basculant sa quĂȘte de puissance de l’empire colonial sur la construction europĂ©enne. Parce qu’il s’agit toujours – quand on parle de la France – d’une quĂȘte de grandeur, d’une recherche de puissance 
 cachĂ©es derriĂšre des rideaux de fumĂ©es politiques, mais que voulez-vous, voilĂ  une marque de fabrique. Il s’agit pour le dire d’une formule de faire de l’Europe un multiplicateur de la puissance de la France ». Notons, au passage, que l’on trouve aussi l’expression dĂ©multiplicateur » de puissance, ce qui au vu du dictionnaire semble moins adaptĂ© puisqu’il s’agit d’un systĂšme de transmission assurant une rĂ©duction de vitesse » Petit Larousse, 1972. A moins de vouloir dire que l’Europe communautaire aurait Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment de rĂ©duction de la puissance de la France... TraumatisĂ©e par l’étrange dĂ©faite » de 1940, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Marc Bloch, Ă©prouvĂ©e par la dĂ©colonisation, la France cherche dans la construction europĂ©enne un multiplicateur de puissance. Le pari s’exprime ainsi Puisque par mes seules forces je ne peux atteindre mes objectifs de puissance, la France va mutualiser ses moyens avec ceux de ses partenaires et les mettre au service de ses objectifs, et ce, sous sa direction ». Une partie des Ă©lites y a vu une possibilitĂ© de substitution Ă  la voie nationale, jugĂ©e dĂ©passĂ©e, laissant de cĂŽtĂ© la recherche d’un rang ou d’une gloire au profit d’une expansion Ă©conomique. Ces rĂ©alistes » se sont retrouvĂ©s dans le projet de la CECA qui marie l’audace institutionnelle de la supranationalitĂ© avec une option sectorielle et permet l’ancrage du nouvel Etat ouest-allemand 1949 Ă  l’Occident tout en assurant le retour de l’initiative politique Ă  la France. Parce qu’il s’agit – Ă©videmment – de construire une Europe communautaire qui soit, non seulement conforme aux intĂ©rĂȘts de la France, si possible Ă  son image quoi rĂȘver de plus beau ? mais dans tous les cas au service des intĂ©rĂȘts de la France. Le pari pourrait se formuler ainsi Puisque par mes seules forces je ne peux plus atteindre mes objectifs de puissance, la France va mutualiser ses moyens avec ceux de ses partenaires et les mettre au service de ses objectifs, et ce, sous sa direction Ă©clairĂ©e ». C’est la moins kantienne des nations europĂ©ennes. Elle ne rĂȘve pas de la paix perpĂ©tuelle ». La France a une relation ambigĂŒe avec l’Europe communautaire, vue comme un outil de puissance lui permettant de compenser son relatif dĂ©classement et ses douloureux Ă©checs. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle lui-mĂȘme, revenu au pouvoir aprĂšs l’entrĂ©e effective dans la CEE le 1er janvier 1958, fait le pari de la contrĂŽler au profit de la seule France. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle y ajoute mĂȘme un objectif, faire de la construction europĂ©enne non seulement un multiplicateur de la puissance de la France mais un moyen de ligoter l’Allemagne fĂ©dĂ©rale et de contester les vellĂ©itĂ©s hĂ©gĂ©moniques des États-Unis. Ces deux dimensions stratĂ©giques sont sous-jacentes dans le traitĂ© de l’ElysĂ©e 1963. L’Allemagne Ă  l’époque, rappelons-le, est divisĂ©e et chargĂ©e de la honte du nazisme, quant Ă  l’Angleterre le gĂ©nĂ©ral la boute par deux fois hors de la CEE. Il s’agit de faire construire l’Europe des États, de maintenir l’intergouvernementalitĂ©, terme abscons qui signifie un systĂšme de compromis qui laisse en dernier ressort un droit de veto Ă  chaque État . Ce qui porte le risque de l’Europe du plus petit commun dĂ©nominateur. De Gaulle disparu et la chute du Rideau de fer survenue, la France fait un choix audacieux avec le traitĂ© de Maastricht, mĂ©lange de fĂ©dĂ©ralisme et de logique intergouvernementale. Parce que, comme toujours, les Ă©lites françaises se croient tellement malines qu’elles pensent ĂȘtre en mesure de contrĂŽler ces gros lourdauds d’Allemands ». Pourtant, en 1995, un diplomate français qui servit sous le gĂ©nĂ©ral de Gaulle et ses successeurs, Gabriel Robin, faisait le bilan suivant Lentement mais sĂ»rement [l’Allemagne] est parvenue Ă  ses fins. Elle voulait une Europe Ă©largie et libĂ©rale, elle l’a obtenue. À chaque Ă©tape, elle a su faire coĂŻncider les progrĂšs de l’Europe avec ceux de son Ă©mancipation nationale et de son retour sur la scĂšne internationale. Elle n’a jamais rien sacrifiĂ© que de façon provisoire et rĂ©vocable. L’Europe s’est toujours arrĂȘtĂ©e au seuil du sanctuaire oĂč elle prĂ©servait son intĂ©gration atlantique, son Ost-Politik et sa Deutsche-Politik. La France attendait de l’Europe une protection ; elle y a renoncĂ©. L’Allemagne en subissait les contraintes ; elle s’en est libĂ©rĂ©e. L’une a mieux fait ses affaires que l’autre. Il n’y a pas lieu de lui en vouloir mais il ne sert Ă  rien de l’ignorer. » [3] Ainsi, dĂšs 1995, un diplomate français pouvait faire ce diagnostic voyons pourquoi et en quoi il semble prĂ©monitoire puisque les annĂ©es suivantes renforcent cette Ă©volution. VidĂ©o France-UE, des relations complexes Pour comprendre - en 2 minutes - les relations entre la France et l’Union europĂ©enne. D’une utilisation facile en classe, cette vidĂ©o de Pierre Verluise met le doigt sur les ambiguĂŻtĂ©s françaises au sujet de la construction europĂ©enne. VidĂ©o rĂ©alisĂ©e en synergie avec le CSFRS II. 
 mais les Ă©largissements successifs ont contribuĂ© Ă  rĂ©duire son poids relatif, Aussi longtemps que dure la Guerre froide 1947-1990, les Ă©largissements successifs ne semblent pas remettre en cause la prééminence de la France sur la construction europĂ©enne. Encore que l’entrĂ©e du Royaume-Uni – avec l’Irlande et le Danemark – en 1973 marque une rĂ©volution que la France tarde Ă  saisir l’arrivĂ©e massive des mĂ©thodes du lobbying dans les institutions europĂ©ennes. La France attend le dĂ©but des annĂ©es 1990 pour rĂ©aliser l’urgence de dĂ©velopper Ă  Bruxelles un lobbying des intĂ©rĂȘts français. Calculez, il faut seulement deux dĂ©cennies Ă  Paris pour comprendre le contexte dans lequel elle Ă©volue. Ce qui laisse penser qu’il ne suffit pas de rĂȘver Ă  la puissance jour et nuit pour savoir dĂ©fendre concrĂštement ses intĂ©rĂȘts. C’est l’unification de l’Allemagne le 3 octobre 1990 et la fin de la Guerre froide en novembre 1990 qui amorce une dynamique dĂ©licate, tant en ce qui concerne l’Union Ă©conomique et monĂ©taire UEM que les Ă©largissements. D’abord parce que l’unification de l’Allemagne marque l’obtention de l’objectif gĂ©opolitique majeur de l’Allemagne depuis sa division en 1949. La RĂ©publique dĂ©mocratique d’Allemagne RDA Ă©tait son Alsace-Lorraine, pour le dire d’une formule. N’oublions pas que le 3 octobre 1990 marque un Ă©largissement non-dit de l’Europe des 12 puisque l’ex-RDA intĂšgre de facto l’Europe communautaire, et accessoirement l’OTAN mais c’est une autre histoire. Ensuite parce que la France voulant contrĂŽler cette puissance majeure en train d’émerger au centre du continent choisit une fuite en avant » pour le dire de façon rugueuse, ou pour le dire autrement un plus d’Europe ». Paris accepte d’échanger l’unitĂ© allemande contre le sacrifice du mark, pourtant symbole du miracle » ouest-allemand. Le sacrifice du mark est identifiĂ© comme la garantie de l’ancrage allemand Ă  l’Europe communautaire, la certitude qu’elle ne va pas basculer vers l’Europe du centre-Est mais rester arrimĂ©e Ă  l’Europe de l’Ouest, et d’abord Ă  la France. Pour mettre en place ce nouveau calcul, la France sacrifie sa propre compĂ©tence rĂ©galienne en matiĂšre monĂ©taire et cĂšde successivement aux exigences allemandes quant Ă  la conception de l’euro et de sa mise en Ɠuvre. La RFA impose sa dĂ©finition des critĂšres d’éligibilitĂ© Ă  la monnaie commune au moment de la rĂ©daction du traitĂ© de Maastricht [4]. ConsidĂ©rons maintenant des Ă©vĂšnements parfois passĂ©s sous silence mais qui tĂ©moignent de la modification du rapport de force entre la France et l’Allemagne. En 1993, peu aprĂšs la ratification du traitĂ© de Maastricht, la France compte obtenir en Ă©change de ses nombreuses concessions Ă  l’Allemagne quant Ă  la conception de la monnaie unique - une satisfaction de prestige hĂ©berger le siĂšge de la future Banque centrale europĂ©enne BCE. Les Français soutiennent la candidature de la ville de Lyon. De leur cĂŽtĂ©, les Allemands avancent le dossier de leur place financiĂšre Francfort. Ils rĂ©pondent aux nĂ©gociateurs français cherchant Ă  dĂ©fendre la deuxiĂšme agglomĂ©ration de l’Hexagone Nous ne voyons pas pourquoi vous vous fatiguez encore Ă  nous parler de Lyon. Nous souhaitons que le siĂšge de la BCE soit Ă  Francfort. Il sera Ă  Francfort. » En 1995, les Allemands reviennent pourtant sur le nom de la future monnaie commune, convenu lors de la mise en place du SystĂšme monĂ©taire europĂ©en, en 1978 - 1979. Les Français, Ă  commencer par le prĂ©sident ValĂ©ry Giscard d’Estaing, pensent depuis cette Ă©poque avoir gagnĂ© cette bataille hautement symbolique en faisant accepter l’Ecu, rĂ©fĂ©rence Ă  une ancienne monnaie française. Ce qui n’empĂȘche nullement les Allemands d’annoncer en 1995 Ă  la table des nĂ©gociations Nous refusons dĂ©sormais que la monnaie unique s’appelle l’Ecu. Ce sera l’Euro. » Les Français en restent sidĂ©rĂ©s. Les reprĂ©sentants des autres pays dĂ©clarent cette affaire regrettable ». Les Allemands reprennent alors la parole Ce sera l’Euro. La discussion est close ». Le prĂ©sident Jacques Chirac doit lui-mĂȘme prĂ©ciser on ne rit pas
 » En 1997 - 1998, la nomination du prĂ©sident de la Banque centrale europĂ©enne voit Paris dĂ©fendre la candidature de Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France. Finalement, l’Allemagne impose son candidat, Wim Duisemberg, pour la premiĂšre moitiĂ© du mandat, laissant au candidat de Paris la seconde moitiĂ©. PrĂ©sentant ce succĂšs » diplomatique Ă  la presse, le prĂ©sident Jacques Chirac doit lui-mĂȘme prĂ©ciser on ne rit pas
 » À son retour en Allemagne, le chancelier Helmut Kohl essuie une forte critique pour cet Ă©trange partage de prĂ©sidence. Ainsi, les nĂ©gociations monĂ©taires europĂ©ennes dĂ©montrent combien la marche Ă  la monnaie unique – loin d’apaiser les tensions nĂ©es entre la France et l’Allemagne lors de la chute du mur de Berlin – rĂ©vĂšlent au contraire des tensions persistantes entre Paris et Berlin. Notons, Ă  la marge, que durant toutes ces annĂ©es 1990 l’Union europĂ©enne a amplement dĂ©montrĂ© Ă  la face du monde son incapacitĂ© Ă  stopper des guerres civiles atroces en ex-Yougoslavie
pour finalement demander aux États-Unis de venir ramener la paix Ă  deux heures et demi d’avion de Paris. ConsidĂ©rons maintenant les Ă©largissements post-guerre froide. Je ne reviens pas sur le dĂ©bat approfondissement ou Ă©largissement, remportĂ© par l’Allemagne [5]. Concentrons-nous sur un aspect moins connu les incidences institutionnelles des Ă©largissements de 2004 [6], 2007 et 2013. ConsidĂ©rons deux incidences, la formation de la Commission europĂ©enne et le nombre de voix au Conseil pour chaque État. . La formation de la Commission europĂ©enne. Initialement, les pays les plus peuplĂ©s de l’Europe communautaire disposaient de deux commissaires et les moins peuplĂ©s d’un seul commissaire. Le traitĂ© de Nice 2001 devenu effectif avec l’élargissement du 1er mai 2004, change la donne. La nouvelle Commission initialement prĂ©vue pour le 1er novembre 2004 a pour caractĂ©ristique de compter un seul commissaire par État membre, quelle que soit sa population. La nouvelle rĂšgle induit donc la perte d’un des deux commissaires pour les cinq États les plus peuplĂ©s l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni. Il semble difficile de dĂ©fendre que les cinq États les plus peuplĂ©s de l’UE rĂ©alisent ainsi une opĂ©ration qui se traduirait automatiquement par un gain d’influence, voire de puissance. Bien au contraire, tout laisse Ă  penser que cette concession contribue Ă  diminuer leur poids relatif dans le processus dĂ©cisionnel communautaire. . Le nombre de voix au Conseil pour chaque État. La France Ă  perdu Ă  la faveur des Ă©largissements post-guerre froide un quart de son poids politique. Celui-ci est recalculĂ© Ă  chaque nouvel Ă©largissement, afin de faire de la place aux nouveaux entrants, puisqu’on ne pourra jamais distribuer plus de 100% de droits de vote. À travers les Ă©largissements successifs de 2004, 2007 et 2013, le poids politique relatif de la France est passĂ© de plus de 12% Ă  un peu plus de 8%. Autrement dit, la France a perdu Ă  la faveur des Ă©largissements post-guerre froide un quart de son poids politique. Ces deux observations peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es de deux façons diffĂ©rentes, Ă©galement exactes. Une premiĂšre interprĂ©tation avance que tous les pays les plus peuplĂ©s ont perdu » autant de voix et que cela est donc sans importance, sauf que les pays les moins peuplĂ©s ont de maniĂšre relative essuyĂ© une perte moins importante que les plus peuplĂ©s. Une deuxiĂšme interprĂ©tation consiste Ă  se recentrer sur le calcul de la France Ă  l’égard de la construction europĂ©enne – prĂ©cĂ©demment – et Ă  constater que cette redistribution des pouvoirs est Ă  l’opposĂ© de ce qui avantagerait Paris. Terminons en mentionnant que la crise de 2008 ouvre Ă  l’Allemagne d’Angela Merkel, en meilleure santĂ© Ă©conomique que tous les autres partenaires, un vĂ©ritable boulevard pour affirmer sa puissance. C’est la chanceliĂšre qui dĂ©cide – seule – du tempo et du pĂ©rimĂštre des concessions faites aux pays les plus affaiblis pour les forcer Ă  tourner la page des dĂ©penses excessives et les contraindre Ă  prendre des mesures de rigueur qui finissent par Ă©touffer la croissance Ă©conomique, ce que Madame Merkel finit par admettre en 2013 Ă  la veille de nouvelles Ă©lections
 III. 
 ce qui produit un malaise DĂšs le milieu des annĂ©es 1990, l’ambassadeur Gabriel Robin s’interroge sur la pertinence pour la France de tant miser sur la construction europĂ©enne. Il invite les autoritĂ©s Ă  voir plus large et – tout en restant dans l’UE – Ă  valoriser les atouts de la France comme État-nation dans le vaste monde post-guerre froide. [7] Il Ă©crit – je le rappelle en 1995 Pour compenser les effets centrifuges de l’élargissement, il faudra Ă©tendre le champ de compĂ©tence de l’Europe, accroĂźtre les pouvoirs des institutions communautaires et soumettre de plus en plus les États Ă  la discipline de votes majoritaires. Plus on ira dans ce sens, plus la France verra sa marge d’autonomie se rĂ©duire et son sort dĂ©pendre d’autoritĂ©s qu’elle ne contrĂŽle pas ; plus nombreuses seront, pour elle, les occasions de se trouver rejetĂ©e dans la minoritĂ© par des majoritĂ©s de rencontre, voire des majoritĂ©s systĂ©matiques. On se rassurera en pariant que l’Europe gagnera en puissance ce que la France perdra en libertĂ©, que les dĂ©cisions communautaires seront toujours bonnes, que la France entraĂźnera l’Europe au lieu d’ĂȘtre entraĂźnĂ©e par elle. Mais c’est un pari et tout indique qu’il est dĂ©jĂ  perdu, y compris le soin qu’on met Ă  le dissimuler. Pour qui veut voir, les signes ne manquent pas d’une lente mais inexorable diminutio capitis qu’aucune contrepartie ne vient balancer. [
] Étrange attitude, en tout cas, que celle de ce pays c’est au moment oĂč l’Europe est entrĂ©e dans la phase des rendements dĂ©croissants qu’elle choisit de s’y investir Ă  fond ; plus le pari est risquĂ©, plus l’espoir de gain s’éloigne, plus il augmente sa mise ; moins il reçoit, plus il se croit tenu de donner, et moins l’Europe est française, plus la France s’y dĂ©clare attachĂ©e. [8] » Que l’on soit d’accord ou pas avec Gabriel Robin, que l’on reconnaisse ou non Ă  ce texte des prĂ©monitions fulgurantes au sujet des incidences des Ă©largissements post-guerre froide
 peu importe. L’essentiel est de convenir que ce texte tĂ©moigne pour le moins d’un malaise français Ă  l’égard de la construction europĂ©enne, Ă  l’heure du premier Ă©largissement post-guerre froide 1995. L’Europe enlisĂ©e, une France paralysĂ©e, c’est un triste tandem. 18 ans plus tard - le temps de faire d’un nourrisson un Ă©lecteur - l’ambassadeur Francis Gutmann, ancien SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral du Quai d’Orsay, Ă©crit en 2013 sur Diploweb L’Europe Ă©tait un grand rĂȘve et elle a apportĂ© la paix. L’Europe Ă©tait un grand dessein, elle n’est plus qu’un marchĂ© offert Ă  tous les appĂ©tits. D’élargissement en Ă©largissement, elle n’a plus de vision. La technocratie lui tient lieu de politique. Elle n’a plus de voix, elle n’a pas de dĂ©fense, elle n’a plus de croissance. Son ambition dĂ©sormais est d’exister seulement et non plus d’exister vraiment. L’Europe devait porter la France aux dimensions nouvelles du monde. Aspirant Ă  dĂ©cider de presque tout, elle est devenue l’alibi commode de trop de ses renoncements. Elle devait l’agrandir, elle l’a Ă©masculĂ©e. L’Europe enlisĂ©e, une France paralysĂ©e, c’est un triste tandem. » Comment en est-on arrivĂ© Ă  ce qu’une personnalitĂ© de cette envergure Ă©crive cela ? L’UE est longtemps fantasmĂ©e Ă  Paris comme une caisse de rĂ©sonnance de nos desiderata, avec cependant une contradiction cette politique remet en question l’État-nation, son identitĂ©, ses marges de manƓuvre. D’oĂč les intĂ©rĂȘts marquĂ©s de Paris pour les avant-gardes » J. Chirac ou la dĂ©fense du thĂšme de la coopĂ©ration renforcĂ©e » Nice, c’est-Ă -dire un groupe de quelques pays en phase sur un projet. D’oĂč le succĂšs d’une formule pourtant pleine d’ambiguĂŻtĂ© d’un Jacques Delors pour la formation d’une fĂ©dĂ©ration d’États-nations ». La culture historique française ne va pas dans le sens d’une communautarisation accrue, qui repose sur la recherche d’alliances et du consensus en orientant les prises de dĂ©cisions si possible en amont, alors que la France recherche prioritairement un avantage de position dominante sans intĂ©grer que le principe communautaire repose d’abord sur le principe d’une compĂ©tition Ă  chances Ă©gales, puis la recherche d’alliances et de compromis. En fait, les autres pays membres ne sont pas ... idiots. Ce qui devrait nous rassurer nous surprend. Par ailleurs, l’ambition de transformer la construction europĂ©enne un multiplicateur de la puissance française s’est heurtĂ© Ă  l’incomprĂ©hension des autres pays membres pour deux raisons . soit parce qu’ils n’étaient pas dupes, voire qu’ils avaient eux-mĂȘmes leurs propres objectifs, par exemple les Britanniques ; . soit parce qu’ils ne partageaient pas la conception française de la puissance, notamment dans sa relation volontiers contestataire des aspirations hĂ©gĂ©moniques des États-Unis, ce fut le cas de l’Allemagne fĂ©dĂ©rale, avant comme aprĂšs l’unification, sauf en 2002 pour des raisons Ă©lectorales, Gerhard Schröder flattant le pacifisme de l’opinion allemande pour ĂȘtre réélu Ă  l’automne alors que les États-Unis brĂ»laient d’en dĂ©coudre en Irak. Durant toutes les annĂ©es 1990, l’absence diplomatique de l’Europe communautaire sur les grands dossiers politiques internationaux de l’aprĂšs guerre froide, Ă  commencer par les guerres dans les Balkans, ont Ă©tĂ© vĂ©cus comme des Ă©checs humanitaires et politiques pour l’UE. Ils ont relativisĂ© d’autant l’ambition française de voir l’Europe jouer un rĂŽle international de premier plan. Il faut bien en convenir, notre bilan n’est pas aussi brillant qu’escomptĂ©. CĂŽtĂ© français, cette situation produit un profond malaise, pour partie non dit parce que les Ă©lites politiques qui ont portĂ© les paris sous-jacents de la France Ă  l’égard de la construction europĂ©enne, soit ne sont plus en responsabilitĂ© – le temps passe, pour tout le monde – soit n’ont gĂ©nĂ©ralement pas le courage d’assumer l’échec relatif de leurs brillants – brillants Ă©videmment – calculs. Est-ce exagĂ©rĂ© de parler d’échec relatif ? Non si on veut bien faire ce que beaucoup prĂ©fĂšrent passer sous silence, Ă  savoir le bilan point par point. Ce bilan, le voici "Avis Ă  la population on recherche un champion pour faire des dĂ©monstrations dĂ©licates" . La construction europĂ©enne Ă©tait supposĂ©e permettre de ligoter l’Allemagne ? Il faudrait ĂȘtre trĂšs fort pour arriver Ă  dĂ©montrer que depuis l’ouverture du Mur 1989 Paris domine et maĂźtrise l’Allemagne fĂ©dĂ©rale. . La construction europĂ©enne Ă©tait supposĂ©e transformer l’Europe communautaire en moyen de contester les tentations hĂ©gĂ©moniques des États-Unis ? Il faudrait ĂȘtre trĂšs fort pour arriver Ă  prouver que l’Union europĂ©enne – dont 22 membres sur 28 Ă  la date du 1er juillet 2013 sont membres de l’OTAN – est devenue un outil pour contester la puissance amĂ©ricaine. En revanche, il serait facile de dĂ©montrer que beaucoup de pays Ă  la fois membres de l’OTAN et de l’UE sont prĂȘts Ă  sacrifier beaucoup de leur crĂ©dit politique et de leurs moyens financiers pour satisfaire – a minima il est vrai – aux demandes de Washington, en Afghanistan ou/et en Irak. Et la France n’en a –t-elle pas pris acte en revenant dans le commandement militaire intĂ©grĂ© de l’OTAN 2009 ? En revanche, on attend encore le dĂ©collage de l’Europe de la dĂ©fense
 Que Nicole Gnesotto publie en 2014 Ă  la Documentation française un livre intitulĂ© Faut-il enterrer la dĂ©fense europĂ©enne ? montre l’état du projet. . Enfin, la construction europĂ©enne Ă©tait supposĂ©e ĂȘtre un multiplicateur de la puissance française dans le monde, un substitut Ă  l’empire colonial perdu. Il faudrait ĂȘtre vraiment trĂšs fort pour dĂ©montrer que la France d’aujourd’hui pĂšse plus dans le monde que celle de la premiĂšre moitiĂ© du XXe s. Alors, que reste-t-il des brillants calculs de Paris ? Il reste 
 le marchĂ© unique et des transferts de souverainetĂ©, de l’échelle nationale Ă  l’échelle sous-continentale de l’UE. Comment s’étonner que les Ă©lites politiques ou intellectuelles ne se bousculent pas au journal tĂ©lĂ©visĂ© pour l’expliquer aussi simplement ? Il n’y a que des mauvais coups Ă  prendre Ă  expliquer qu’on a Ă©tĂ© mauvais. Alors, mieux vaut faire – comme la plupart – silence radio, et silence tĂ©lĂ©, tant qu’à faire. Les promesses de lendemain qui chantent se terminent en un couac disgracieux. Sauf que les Français ne sont pas idiots. Certes, ils ont longtemps laissĂ© faire dans un consensus permissif » dont ils n’ont pas Ă  ĂȘtre fiers, mais les annĂ©es 1990 marquent une rupture. Certes, ils ne connaissent pas dans le dĂ©tail, les traitĂ©s, les annexes des traitĂ©s, les dates et les citations, les calculs non dits et le fonctionnement des institutions. Mais ils sont - semble-t-il - capables de comprendre intuitivement que le compte n’y est pas, que les promesses de lendemains qui chantent se terminent en un couac disgracieux, que la France d’aujourd’hui pĂšse moins qu’hier. Et ça, ça ne passe pas. Parce que la France rĂȘve toujours de grandeur, et a minima de maĂźtriser son devenir. Alors pour dire leur malaise, les Français participent peu aux Ă©lections pour le Parlement europĂ©en, tous les cinq ans. Alors pour dire leur malaise - puisqu’on ne leur a pas demandĂ© leur avis sur le grand Ă©largissement de 2004 qui – qu’on le dise ou non - change la nature de l’UE – ils se saisissent du premier rĂ©fĂ©rendum europĂ©en qui se prĂ©sente celui de 2005. Le rĂ©fĂ©rendum de 2005 porte sur le projet de traitĂ© constitutionnel pour l’Union europĂ©enne, nĂ© de la Convention prĂ©sidĂ©e par ValĂ©ry Giscard d’Estaing. AprĂšs le demi-Ă©chec du sommet et du traitĂ© de Nice, il s’agit de donner un tournant plus fĂ©dĂ©raliste aux institutions europĂ©ennes, par exemple en instituant un Ministre europĂ©en des Affaires Ă©trangĂšres. Il s’agit d’adapter les institutions Ă  un nombre de plus en plus Ă©levĂ© de pays membres, ce qui semble cohĂ©rent. Sur la foi de sondages qui lui laissent penser que les Français voteront Oui », le prĂ©sident J. Chirac annonce le 14 juillet 2004 qu’il choisit la voie rĂ©fĂ©rendaire pour ratifier ce texte, et non pas la voie - plus sĂ»re - du CongrĂšs, c’est Ă  dire la rĂ©union du SĂ©nat et de l’AssemblĂ©e nationale. Il est vrai que la procĂ©dure rĂ©fĂ©rendaire peut sembler plus proche du peuple, plus dĂ©mocratique », et depuis le temps qu’on reproche Ă  l’UE son dĂ©ficit dĂ©mocratique, puisque les sondages annoncent que le peuple s’apprĂȘte Ă  voter oui », autant lui demander son avis
 Jacques Chirac, Ă©tiquetĂ© gaulliste manque cependant de conviction pour dĂ©fendre ce texte, et en une forme d’acte manquĂ© il le prĂ©sente avec maladresse lors d’une Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e en public. À l’occasion des Ă©changes avec des citoyens invitĂ©s sur le plateau, il donne l’impression de dĂ©couvrir l’existence du chĂŽmage de masse et de longue durĂ©e ! Ce qui produit un effet fĂącheux, presque insultant pour les millions de Français concernĂ©s. Et les partisans du non » ont dĂ©jĂ  pris de vitesse les partisans du oui ». Les nonistes » sont majoritaires sur la Toile, multiplient les blogs, les liens, les forums. Un professeur d’histoire-gĂ©ographie du sud de la France devient une rĂ©fĂ©rence dans l’exĂ©gĂšse de ce texte long et complexe, on peut le citer dans les discussions entre amis. Un mois avant l’échĂ©ance du rĂ©fĂ©rendum, une cartographie de Toile consacrĂ©e aux affaires europĂ©ennes – faite pour le site touteleurope – montrent que les partisans du non » ont gagnĂ© la bataille de l’Internet. Les partisans du oui », partis trop tard, maladroits et peu dynamiques sur Internet, sont tĂ©tanisĂ©s ! Le 29 mai 2005, le rĂ©sultat est Ă©difiant avec une participation Ă©levĂ©e pour une question europĂ©enne 69,3%, la rĂ©ponse est non » Ă  55% ! Un non » franc et massif. Un non » qui est interprĂ©tĂ© comme le coup de frein brutal d’un pays fondateur de l’Europe communautaire qui pĂšse d’un poids significatif dans ses institutions et s’attribue un rĂŽle actif. Un non » suivi quelques jours plus tard d’un non » des Pays-Bas. Le texte est mort, du moins sous cette forme. Le journaliste spĂ©cialisĂ© Jean Quatremer dĂ©clare que l’Europe est en coma lĂ©ger ». Coma lĂ©ger parce que le prĂ©sident de la RĂ©publique française n’a pas Ă©tĂ© capable d’obtenir un oui » des français. Coma lĂ©ger parce qu’il lui reste deux ans de mandat Ă  faire, de surcroĂźt dans une cohabitation qui a vu la gauche se diviser elle aussi entre partisans du non » – dont un certain Laurent Fabius – et ceux du oui ». Coma lĂ©ger parce que les jeunes ont, pour la premiĂšre fois, votĂ© majoritairement non », alors qu’ils Ă©taient jusque-lĂ  traditionnellement pro-europĂ©ens. Coma lĂ©ger parce que personne ne voit comment l’UE va sortir de cette impasse institutionnelle nĂ©e des Ă©largissements post-guerre froide 1995, 2004. Ce texte a Ă©tĂ© il est vrai, payĂ© cher par les politiques qui se sont engagĂ©s dans sa rĂ©daction puis dans sa prĂ©sentation au public. Ils ont l’impression d’avoir perdu du temps, de l’énergie et du crĂ©dit. Il va sans dire que le poids politique de la France dans l’UE diminue d’autant. Comment pourrait-il en ĂȘtre autrement ? Comment un pays qui bloque l’adoption d’un texte supposĂ© amĂ©liorer le fonctionnement institutionnel de l’UE pourrait-il maintenant donner des leçons ? AprĂšs l’échec de la CommunautĂ© europĂ©enne de dĂ©fense CED – en 1954 – la France porte avec l’échec du referendum de 2005 la responsabilitĂ© d’une crise europĂ©enne majeure. À tort ou Ă  raison, la France parait un frein et non plus un aiguillon de la construction europĂ©enne. DĂšs lors il est difficile de se hausser du col, faire des mouvements de menton, donner des leçons et tracer des perspectives avantageuses. Les politiques français ne se bousculent plus pour porter les idĂ©es europĂ©ennes parce qu’ils sentent bien qu’il n’y a que des bulletins de vote Ă  perdre. Pourtant, un certain Nicolas Sarkozy prĂ©pare sa candidature Ă  la prĂ©sidentielle de 2007. Il fait savoir qu’en cas d’élection il s’engage Ă  revenir Ă  la table des nĂ©gociations pour de nouvelles institutions europĂ©ennes et Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la place de la France dans le commandement militaire intĂ©grĂ© de l’OTAN. OpposĂ© Ă  SĂ©golĂšne Royal, il l’emporte assez largement au second tour. DĂšs lors, il considĂšre qu’il dispose d’une lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique pour relancer ces deux processus. Le soir mĂȘme de son intronisation Ă  l’ElysĂ©e, le 16 mai 2007, il se rend Ă  Berlin pour rencontrer la chanceliĂšre Angela Merkel. Il l’embrasse avec un enthousiasme que Madame Merkel n’apprĂ©cie guĂšre semble-t-il, elle le recadre au sujet de l’Union MĂ©diterranĂ©enne, mais ils s’accordent sur une mĂ©thode pour relancer le processus institutionnel Ă  travers un toilettage du projet de traitĂ© constitutionnel. AprĂšs un sommet europĂ©en en juin 2007, l’affaire est pliĂ©e Ă  l’automne 2007 avec le traitĂ© de Lisbonne. Le traitĂ© de Lisbonne reprend pour l’essentiel le texte refusĂ© par les Français et les Hollandais, mais il en retire les concepts les plus fĂ©dĂ©ralistes, le Royaume-Uni brillant Ă  la manƓuvre. Comme il l’avait annoncĂ©, Nicolas Sarkozy ne passe pas par la voie rĂ©fĂ©rendaire pour le faire ratifier – pas fou – mais par la voie du CongrĂšs qui l’accepte dĂ©but 2008. Chacun pourra philosopher sur la nature dĂ©mocratique de la procĂ©dure qui consiste Ă  refaire passer un texte qui a Ă©tĂ© refusĂ© par referendum par la voie du CongrĂšs, aprĂšs l’avoir il est vrai amendĂ© Ă  la marge, en lui ĂŽtant une partie de sa dimension fĂ©dĂ©raliste, par exemple en changeant l’intitulĂ© du poste du responsable de la politique Ă©trangĂšre de l’UE qui n’est plus ministre mais Haut reprĂ©sentant. La presse de l’époque ne jette pas d’huile sur le feu, passez, y a rien Ă  voir », on tourne la page. Un coup de chaud survient cependant lorsque les Irlandais dĂ©cident de voter non ». Pour la deuxiĂšme fois – on l’avait dĂ©jĂ  fait pour le traitĂ© de Nice – les Irlandais sont invitĂ©s Ă  voter une deuxiĂšme fois pour le traitĂ© de Lisbonne, en 2009. Soulagement, ils acceptent une deuxiĂšme fois de se dĂ©juger. Chacun pourra Ă  nouveau philosopher sur la nature dĂ©mocratique du procĂ©dĂ©, je note simplement que les Irlandais ont obtenu quelques concessions Ă  cette occasion, dont la suppression de la rĂ©duction du nombre de Commissaires au deux tiers du nombre des pays membres, Ă  l’horizon 2014 ou 2017. Cette idĂ©e a Ă©tĂ© effectivement passĂ©e Ă  la trappe fin 2013, dans un silence assourdissant. Nous pourrions encore longuement dĂ©tailler le malaise français Ă  propos de l’UE. Expliquer dans le dĂ©tail comment la chanceliĂšre Angela Merkel castra littĂ©ralement non pas Nicolas Sarkozy mais un projet portĂ© par Nicolas Sarkosy, l’Union MĂ©diterranĂ©enne – lancĂ©e imprudemment sur les estrades Ă©lectorales dĂ©but 2007 – en une Union pour la MĂ©diterranĂ©e Processus de Barcelone » UpM. Pour le dire rapidement, Berlin fit rentrer un projet de grandeur française sur les bords de la MĂ©diterranĂ©e dans le cadre Ă©troit de l’administration europĂ©enne. À la fin du quinquennat de N. Sarkozy, l’UpM Ă©tait pratiquement passĂ©e Ă  la trappe. En revanche, A. Merkel avait imposĂ© son tempo et son pĂ©rimĂštre aux mesures de l’UE pour rĂ©duire la crise de l’euro, N. Sarkozy Ă©tant rĂ©duit Ă  attendre son bon vouloir
 Puisqu’on ne change par une mĂ©thode qui Ă©choue, nous pourrions encore longuement dĂ©tailler le malaise français avec le cas de François Hollande qui lors de sa campagne Ă©lectorale pour les prĂ©sidentielles de 2012 avait expliquĂ© qu’il exigerait un Pacte europĂ©en pour la croissance et l’emploi financĂ© par l’UE avant de faire ratifier le Pacte budgĂ©taire europĂ©en. Oh, on a bien raclĂ© quelques fonds de tiroirs pour habiller la fin de non recevoir
 mais le compte n’y Ă©tait pas. Et F. Hollande a fait ratifier par le CongrĂšs ce fameux texte qui met en place un glissement de fĂ©dĂ©ralisme monĂ©taire – l’euro – nous passons sous la pression de la crise Ă  un fĂ©dĂ©ralisme budgĂ©taire – via le contrĂŽle par la Commission europĂ©enne, en amont du Parlement, sur le projet de budget. FĂ©dĂ©ralisme budgĂ©taire, formulation a minima. Olivier Kempf Ă©crit Si de nombreux commentateurs parlent de fĂ©dĂ©ralisme budgĂ©taire’, c’est bien de fĂ©dĂ©ralisme politique qu’il s’agit. Car derriĂšre ces mots de fĂ©dĂ©ralisme budgĂ©taire, il faut entendre arbitrage, dĂ©cision, y compris pour imposer telle ou telle dĂ©cision Ă  un État membre dans le besoin’ ». [9] Olivier Kempf n’a peut-ĂȘtre pas tort mais il faudrait alors prĂ©ciser fĂ©dĂ©ralisme politique incomplet. Si l’ampleur de la crise Ă©conomique fait passer ces dĂ©bats complexes Ă  l’arriĂšre plan, nul doute cependant que ce changement de nature de la construction europĂ©enne, suscite un malaise dans de larges pans de l’opinion publique française. Pour le dire de maniĂšre provocante, comment la France ne ressentirait-elle pas un profond malaise dans une Europe Ă  l’heure allemande » [10] ? En fait, le ministre des finances allemand fait lui-mĂȘme cette rĂ©fĂ©rence durant l’étĂ© 2013. Et le 2 mai 2014, Le Monde publie un article dont le titre semble sans ambiguĂŻtĂ© "Tous Ă  Berlin ! " La capitale de l’Allemagne est devenue celle de l’Europe », avec en sous-titre Les faiblesses de Bruxelles et de Pais ont favorisĂ© la domination allemande. » Pour achever la dĂ©monstration, faisons rĂ©fĂ©rence Ă  Olivier Rozenberg, chargĂ© de recherche Ă  Sciences Po. Dans le numĂ©ro 61-62 de Questions internationales publiĂ© en mai-aoĂ»t 2013, celui-ci prĂ©sente un article intitulĂ©, Avec l’Union europĂ©enne, un tournant majeur ». Olivier Rozerberg explique ce qu’il appelle le dĂ©clin de l’influence française dans l’UE depuis une dizaine d’annĂ©es ». Il distingue 4 causes. 1. La France est moins puissante politiquement dans l’UE parce qu’elle est moins puissante Ă©conomiquement en Europe. C’est devenu une Ă©vidence, la France est nettement derriĂšre l’Allemagne en terme de capacitĂ©s comme de performances Ă©conomiques. Dans un contexte de crise Ă©conomique et de crise budgĂ©taire, cela rĂ©duit considĂ©rablement la marge de manƓuvre de Paris. 2. La France a perdu la centralitĂ© qui Ă©tait sa caractĂ©ristique en Europe. CentralitĂ© gĂ©ographique, perdue Ă  la faveur des Ă©largissements de 1995, 2004, 2007 et 2013 qui ont dĂ©placĂ© vers le centre-est le centre de gravitĂ© de l’UE. CentralitĂ© politique, Ă  travers les jeux d’alliances, oĂč la position de la France est devenue plus inconfortable, faute d’avoir compris rapidement qu’il fallait prendre en compte les nouveaux membres. Pour utiliser une mĂ©taphore sportive, tout se passe comme si la France, privĂ©e de la position de meneur de jeu, Ă©tait contrainte de jouer en attaque ou en dĂ©fense. Avec plus ou moins d’adresse, plus ou moins de rĂ©ussite, parfois au prix d’alliance avec des joueurs peu brillants, pour ne pas dire les pays du Sud quand il s’agit de parler dĂ©ficit budgĂ©taire. 3. L’influence de la France a Ă©tĂ© rĂ©duite par son inconstance. Nicolas Sarkozy sur l’Union MĂ©diterranĂ©enne, et plus encore François Hollande sur le Pacte europĂ©en pour la croissance et pour l’emploi, ont chacun fait la mĂȘme erreur de mĂ©thode – lancer un projet europĂ©en sur les estrades Ă©lectorales – puis une fois Ă©lu se faire rudement recadrer. Le bras de fer a Ă©tĂ© encore plus court pour F. Hollande. Ces revirements ne contribuent pas Ă  la crĂ©dibilitĂ© de la France dans les nĂ©gociations europĂ©ennes. Donner l’impression de parler pour ne rien dire rĂ©duit la valeur de la prise de parole, donc le poids politique. 4. En dernier lieu, la France souffre paradoxalement de la stabilitĂ© de ses institutions politiques, Ă  commencer par la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Alors que les responsables politiques soumis Ă  de fortes contraintes internes peuvent en arguer pour obtenir des concessions in extremis sur le mode moi ou le chaos », l’ElysĂ©e ne peut gĂ©nĂ©ralement pas exercer ce type de chantage. Alors que l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni voire l’Allemagne le font sans hĂ©siter, avec succĂšs. Olivier Rozenberg constate ainsi en 2013 La France subit donc une perte d’influence avĂ©rĂ©e en matiĂšre europĂ©enne. Elle n’est pas aussi frondeuse qu’en 1965, aussi isolĂ©e qu’en 1981 ou aussi atteinte qu’en 2005 aprĂšs l’échec du rĂ©fĂ©rendum. Cependant sa faiblesse actuelle semble plus durable dans la mesure ou les facteurs explicatifs de sa perte d’influence sont nombreux et structurels. Le pays est cantonnĂ© Ă  un rĂŽle de numĂ©ro deux qui, pour ĂȘtre logique du point de vue de ses fondamentaux Ă©conomiques, est difficile Ă  accepter et Ă  faire accepter sur le plan interne. » [11] * France-UE, pourquoi un tel malaise ? Nous rĂ©pondrons que la France a fait un pari transformer l’Europe communautaire en un multiplicateur de puissance, mais les Ă©largissements successifs ont contribuĂ© Ă  rĂ©duire son poids relatif. Ce qui produit, effectivement, un grand malaise chez les Français. Ceux-ci passent durant le quinquennat de F. Hollande 2012- du dĂ©ni Ă  la contestation de cette Ă©volution de la construction europĂ©enne. Il en rĂ©sulte, semble-t-il, une poussĂ©e de l’euroscepticisme, Ă  droite comme Ă  gauche. Quand on se souvient des calculs initiaux et des promesses sous-jacentes, le rĂ©sultat est loin du rĂȘve. Cela s’appelle simplement la rĂ©alitĂ©. PlutĂŽt que de voir nos insuffisances, il est plus facile de voir une menace dans les Autres », mais cela n’apporte pas de solution, juste un pauvre dĂ©foulement. L’UE est un bouc Ă©missaire facile Ă  qui faire porter la responsabilitĂ© du dĂ©clin relatif de la France. Rien ne permet d’affirmer qu’il en aurait Ă©tĂ© autrement sans l’UE. Rien ne permet d’assurer qu’il en irait autrement hors de l’ laisse Ă  penser que le vĂ©ritable dĂ©fi consiste Ă  repenser une Union europĂ©enne en mesure d’éviter son - et notre - effacement relatif Ă  l’échelle de la planĂšte. Publication initiale le 7 mai 2014 Copyright 7 Mai 2014-Verluise/ Plus . Voir tous les articles et toutes les cartes sur l’Union europĂ©enne
Leretour du casse-tĂȘte institutionnel va miner la prĂ©sidence française de l'UE Ă  compter du 1er juillet et priver le prĂ©sident d'un de ses meilleurs slogans : l'Europe a cessĂ© de se
PubliĂ© le 02/09/2008 Ă  2203 AFP/Gerard Cerles La Russie veut que les observateurs soient dĂ©pĂȘchĂ©s uniquement par l'OSCE, dont elle est membre, plutĂŽt que par l'Union europĂ©enne. DĂ©cidĂ©e Ă  peser sur l'issue du conflit, l'Europe envisage d'envoyer dans la rĂ©gion une mission communautaire autonome forte de quelque 200 hommes, destinĂ©e Ă  contrĂŽler l'application d'un futur rĂšglement politique. Ce projet, dĂ©fendu par le haut reprĂ©sentant pour la politique extĂ©rieure de l'Union, Javier Solana qui s'en verrait confier la responsabilitĂ© suscite nĂ©anmoins des rĂ©ticences parmi les Vingt-Sept et l'opposition de la l'immĂ©diat, la prĂ©sidence française s'est contentĂ©e d'annoncer l'envoi d'une mission exploratoire» de l'UE, qui pourrait augurer un dĂ©ploiement plus large. La Pologne s'est dĂ©clarĂ©e prĂȘte Ă  envoyer des prĂ©sente au Tchad ou au Congo dans le cadre de sa politique extĂ©rieure, l'Europe ne s'interdit pas d'intervenir Ă  proximitĂ© de ses frontiĂšres, dans cette rĂ©gion si instable qu'est le Caucase du Sud. Mais sa volontĂ© politique se heurte au fait que, sur le terrain, la concurrence se fait sentir. Seule institution Ă  disposer d'un mandat international dans la rĂ©gion, l'Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe OSCE dispose depuis 1992 d'un bureau de 200 hommes Ă  Tbilissi. Elle prĂ©voit, du fait du conflit en cours, d'y dĂ©pĂȘcher une centaine de militaires supplĂ©mentaires. Membre de l'OSCE, dont elle pĂšse sur les dĂ©cisions, la Russie est attachĂ©e Ă  cette situation de monopole. Cela lui permet de nĂ©gocier Ăąprement le pĂ©rimĂštre dans lequel les observateurs de l'organisation seront dĂ©ployĂ©s. Moscou refuse ainsi toute prĂ©sence de ces derniers en OssĂ©tie du Sud.Faire plaisir aux Russes»Face Ă  une mission autonome de l'Union europĂ©enne, la Russie serait en revanche dĂ©pourvue de moyens de pression. Via l'envoi de ses propres observateurs, Bruxelles pourrait ĂȘtre tentĂ©e de remettre en cause les acquis territoriaux engrangĂ©s en aoĂ»t par la Russie. Nous approuvons l'arrivĂ©e rapide de contrĂŽleurs de l'OSCE, avec une participation active de la Russie», a confirmĂ© lundi l'ambassadeur russe auprĂšs de l'UE, Vladimir Tchijov. En guise de lot de consolation, Moscou propose Ă  l'UE de contribuer, Ă  ses cĂŽtĂ©s, Ă  la mise sur pied d'une force de police internationale, dans la zone tampon situĂ©e entre la GĂ©orgie et ses deux provinces sĂ©paratistes OssĂ©tie du Sud et Abkhazie.Pour l'instant, l'offre a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e par les Vingt-Sept. Plusieurs États membres, dont l'Allemagne, restent nĂ©anmoins sensibles aux dolĂ©ances russes et ne soutiennent que du bout des lĂšvres l'envoi de cette mission. Il faut d'abord vĂ©rifier qu'une telle opĂ©ration se justifie et qu'il n'y aura aucun doublon avec l'OSCE», justifie un diplomate d'accord, l'UE devrait alors se contenter de grossir les effectifs de l'organisation viennoise, ce qui serait Ă©videmment moins glorieux. Ce serait la solution idĂ©ale pour faire plaisir aux Russes», confirme Anne-Marie Lizin, vice-prĂ©sidente de l'AssemblĂ©e parlementaire de l'OSCE. S'estimant maltraitĂ©e, au sein d'une organisation qu'elle perçoit comme infĂ©odĂ©e Ă  Washington, la Russie souhaite y reconquĂ©rir une influence, ce qui devrait bientĂŽt lui ĂȘtre plus facile. En janvier 2009, le Kazakhstan, pays alliĂ© de Moscou, devrait en prendre la prĂ©sidence

France2 Euro 2008. Tirage: 60.000 (seulement issue en Coinset) PiÚces euro de la France 2008 - Les meilleures offres actuelles sur eBay. Sponsorisé. 2 euro Malte - Pays-Bas - Finlande - France - Saint-Marin -Luxembourg - Slovénie. EUR
09-06-2008 mis Ă  jour 20-09-2012 En prĂ©paration depuis 1 an, la PrĂ©sidence française de l’UE PFUE sera la derniĂšre du genre si le TraitĂ© de Lisbonne entre en vigueur le 1er janvier 2009. À moins d’un mois du top dĂ©part, vous fait dĂ©couvrir les rouages de la prĂ©paration et les principaux acteurs qui travaillent, dans l’ombre, au bon dĂ©roulement des opĂ©rations. ContexteProblĂšmes
PiĂšcede 2 euros de 2008 PrĂ©sidence Française Union EuropĂ©enne R.F avec faute de frappe d’une valeur inestimable Posted on 25 juin 2019 / / par PubliĂ©: 25 juin 2019 (il y a 3
Les programmes d’aide humanitaire et d’aide au dĂ©veloppement de l’Union europĂ©enne sont les plus fortement touchĂ©s par les impayĂ©s de l’UE et les coupes budgĂ©taires prĂ©vues pour l’annĂ©e 2015. Les impayĂ©s du budget europĂ©en s’accumulent. Et les craintes pour l’aide au dĂ©veloppement et l’aide humanitaire Ă©galement. Depuis 2011, le budget europĂ©en accumule les factures impayĂ©es, dont le montant n’a cessĂ© d’augmenter pour atteindre quelque 26 milliards d’euros, dont 23 pour la seule politique de cohĂ©sion. Or ces impayĂ©s ont des consĂ©quences sur l’ensemble des politiques europĂ©ennes. Factures impayĂ©es Les factures impayĂ©es de la rubrique L’Europe dans le Monde », qui comprend l’aide au dĂ©veloppement et l’aide humanitaire, ont atteint 1 milliard d’euros » avertit une source proche du dossier. Le commissaire europĂ©en en charge du budget, Jacek Dominik, a lui aussi tirĂ© la sonnette d’alarme. Dans un discours prononcĂ© le 24 septembre, le polonais affirme que les factures impayĂ©es de l’Instrument de financement de la coopĂ©ration au dĂ©veloppement ICD s’élevaient Ă  14 millions d’euros depuis juillet». Selon la Commission europĂ©enne, ces impayĂ©s concernent le Fonds fiduciaire multi donateurs pour la sĂ©curitĂ© alimentaire 2009-2018 en Birmanie. Faute de crĂ©dits disponibles, l’aide humanitaire a Ă©galement dĂ» rĂ©duire la voilure dans certaines rĂ©gions. Des projets en Afrique et dans la rĂ©gion du Sahel, en HaĂŻti et dans la corne d’Afrique ont Ă©tĂ© repoussĂ©s » a regrettĂ© le commissaire au budget. Aide humanitaire Ă  l’os Mais pas seulement. Selon l’ONG Oxfam, d’autres programmes d’aide humanitaire seraient Ă©galement touchĂ©s par l’absence de liquiditĂ©s. L’impact des contraintes actuelles pesant sur l’aide humanitaire de l’UE s’est dĂ©jĂ  fait sentir dans plusieurs pays bĂ©nĂ©ficiaires. Par exemple, l’aide aux rĂ©fugiĂ©s irakiens en Jordanie a Ă©tĂ© rĂ©duite. Au YĂ©men, les gens reçoivent moins d’aide logement, sĂ©curitĂ© alimentaire, etc. » prĂ©cise Hilary Jeune, responsable de la politique europĂ©enne chez Oxfam. >>Lire L’aide humanitaire europĂ©enne victime d’un trou budgĂ©taire De plus, des ONG ont signalĂ© que les opĂ©rations en faveur de la sĂ©curitĂ© alimentaire [
] en Somalie et en Éthiopie ont connu des retards ou ont vu leur importance rĂ©duite » dĂ©taille-t-elle. Aujourd’hui, les caisses sont vides pour assurer les versements des financements. Les directions gĂ©nĂ©rales au dĂ©veloppement et Ă  l’aide humanitaire n’ont plus de liquiditĂ©s pour payer les projets jusqu’à la fin de l’annĂ©e 2014» assure une source. Le budget 2015 en pĂ©ril Si la situation est extrĂȘmement tendue pour 2014, elle risque de s’aggraver en 2015. En effet, les États membres ont proposĂ© des baisses consĂ©quentes Ă  la proposition de budget de la Commission europĂ©enne pour 2015. Des coupes qui rendent impossible d’honorer l’ensemble des factures accumulĂ©es par l’UE et de payer les dĂ©penses budgĂ©tĂ©es pour 2015. Sur les 2,1 milliards d’euros de baisse, soit environ un recul de 1,5 % proposĂ©es sur les de 142,137 milliards de crĂ©dits de paiement pour 2015, les crĂ©dits Ă  l’aide au dĂ©veloppement et Ă  l’aide humanitaires sont les plus touchĂ©s par les propositions de coupes » constate une source proche du dossier. Le budget total de la rubrique Europe dans le monde » pourrait ĂȘtre rĂ©duit de 384 millions d’euros, soit 10 % du projet de budget. Le seul budget dEuropeAid, dĂ©diĂ© spĂ©cifiquement Ă  l’aide au dĂ©veloppement, Ă©ponge une grande partie de ces coupes, puisqu’il perd 192 millions d’euros, soit une baisse de 12 %. Cette coupe va aggraver la situation des crĂ©dits de paiement l’annĂ©e prochaine, d’autant plus que le budget 2015 sera dĂ©jĂ  consommĂ© en partie par les factures qui ne pourront pas ĂȘtre payĂ©es en 2014 et qui reprĂ©sentent 36 % du budget actuellement disponible pour EuropeAid ! » s’inquiĂšte une source europĂ©enne L’annĂ©e prochaine nous risquons d’ĂȘtre en rupture de crĂ©dits sur certaines lignes budgĂ©taires encore plus tĂŽt dans l’annĂ©e » Les coupes massives sont d’autant moins comprises du cĂŽtĂ© des ONG que le budget de l’action extĂ©rieur ne pĂšse pas lourd dans le budget total de l’UE. Le financement de l’action extĂ©rieure ne reprĂ©sente que 6 % du budget total de l’UE, tout en permettant Ă  l’UE de maintenir sa position de plus important donateur en aide humanitaire et en aide au dĂ©veloppement » explique Hilary Jeune d’Oxfam. Le Parlement en dĂ©fense Pour l’heure, le Parlement europĂ©en fait bloc contre le projet des États membres, et a proposĂ© de restaurer les coupes effectuĂ©es par les États membres. La commission du dĂ©veloppement a tirĂ© la sonnette d’alarme dans son avis en jugeant inacceptables certaines coupes proposĂ©es par le Conseil, Ă©tant donnĂ© que l’aide au dĂ©veloppement de l’Union nĂ©cessite un financement raisonnable qui soit crĂ©dible pour les partenaires ». Le budget final sera seulement connu aprĂšs les nĂ©gociations entre les institutions europĂ©ennes qui auront lieu mi-octobre, pour un vote le 22 octobre au Parlement europĂ©en Ă  Strasbourg. Georgieva Ă  la rescousse Hasard du destin ou non, l’actuelle commissaire en charge de la coopĂ©ration internationale, de l’aide humanitaire et de la rĂ©action aux crises, la Bulgare Kristalina Georgieva se retrouvera Ă  partir du 1er novembre aux manettes du portefeuille du budget. Kristalina Georgieva est extrĂȘmement bien informĂ© sur les problĂ©matiques budgĂ©taires qui touchent l’aide au dĂ©veloppement et l’aide humanitaire » reconnait une source. TrĂšs respectĂ©e Ă  Bruxelles, la prochaine vice-prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne devra s’atteler au dossier dĂšs son entrĂ©e en fonction dĂ©but novembre, selon sa lettre de mission. Et tout tenter pour arrĂȘter l’hĂ©morragie ContexteProchaines Ă©tapesPlus d'information MbfxcI. 101 154 334 52 25 334 112 312 162

2 euros présidence francaise union européenne 2008 faute de frappe